Quel avenir pour les professionnels de la culture ?

Après six semaines de fermeture, les salles de spectacles vont pouvoir rouvrir sous certaines conditions. Un soulagement pour les artistes déjà mis à mal par plusieurs années difficiles. Un syndicat spécifique vient d'être créé.
 
Le théâtre de l’Ile reprend vie ! Sur les planches, la compagnie de l’Archipel répètent la Folle Journée ou le Mariage de Figaro. Cette création 100% locale aurait dû être présentée au public début juin, mais confinement oblige, elle se jouera si tout se passe bien, fin juin. « Le public a besoin de spectacle, pas seulement de se détendre mais d’entendre, de réfléchir, de rêver, d’écouter de la poésie, de la musique…», indique Dominique Jean, metteur en scène et comédien. « Si on ne peut pas jouer dans les salles les prochains mois, en imaginant les pires scénarios, je me suis dit il va falloir trouver des solutions rapidement comme jouer dehors, sur des plages, dans des espaces pas confinés en faisant venir un minimum de monde. L’idée c’était vraiment que le spectacle continue, The show must go on ! »
 

Une cellule de crise souhaitée par les structures culturelles  

The show must go on, oui, mais à quel prix ? Cette crise du Covid 19 est un coup de massue supplémentaire sur des artistes déjà très éprouvés par plusieurs années de baisses budgétaires. Dans un courrier adressé cette semaine au gouvernement, plusieurs structures culturelles demandent la mise en place d’une cellule de crise. Objectifs : créer des aides spécifiques aux acteurs du secteur, mais pas seulement…

Pour Alexandra Gardner, la directrice du Pôle d’Export de la Musique et des Arts (Poemart), il faut que « le soutien financier sur les projets annoncés soit versé et à plus long terme, c’est-à-dire sur les deux à trois mois qui viennent, les mesures déjà proposées comme la rémunération à la copie privée soient aussi sources de financement ». Les structures culturelles demandent également que « le dispositif de la Case des artistes censé accompagner l’ensemble des acteurs du secteur soit revu, et enfin que la synthèse des Assises 2019 soit enfin rédigée ».
 

« On voudrait pouvoir discuter avec les politiques »

Lassés d’attendre, plusieurs artistes et techniciens viennent de créer un syndicat professionnel pour défendre « leurs droits et leurs intérêt de manière collective et individuelle ». « On voudrait pouvoir discuter avec les politiques, peser sur les politiques culturelles, améliorer simplement la condition des gens qui sont dans des situations précaires. Quand on s’engage à un moment de sa vie à être artiste, on s’engage aussi à être précaire jusqu’à la fin de ses jours et pourtant l’artiste à un rôle essentiel dans notre société », affirme Isabelle De Haas, membre du Syndicat’Art.
 
En cinq jours à peine, le syndicat a déjà reçu des dizaines de demandes d’adhésion. C’est dire si les 2000 artistes estimés que compte le pays sont en attente de solutions, voire tout simplement de considération.

Le reportage de Caroline Antic-Martin et de Claude Lindor