Tonga : un royaume corrompu qui attire les barons de la drogue, révèle une enquête kiwie

L'enquête du site internet Stuff est intitulée Corruption au paradis.
Corruption, drogue et vente de passeports : des maux qui rongent le royaume des Tonga, écrit le site néo-zélandais Stuff. Ses journalistes ont rencontré des présumés coupables, des nobles aux membres de gangs transférés de prisons américaines, australiennes ou néo-zélandaises vers leur pays natal.
En septembre dernier, le Premier ministre tongien, Akilisi Pohiva, a affirmé devant l'Assemblée générale des Nations unies que les Tonga étaient soumises à un« assaut de la criminalité transnationale organisée ». 
 
L'enquête du site internet Stuff ne va donc pas surprendre la communauté tongienne de Nouvelle-Zélande, mais en dressant un tableau général de la situation, en tissant des liens entre divers événements, elle risque tout de même de choquer quelques personnes, estime Melino Maka, le président du Conseil consultatif tongien-néo-zélandais. L'image donnée du royaume est « effrayante » :
 
« L'une des choses les plus importantes qui ressort de ce reportage, pour moi, c'est la manière dont des nobles jouent un rôle de premier plan dans le trafic de drogue. Si les nobles ne font pas plus attention, ils vont bientôt devenir une espèce en voie de disparition à cause du comportement de certains d'entre eux. »
 
Les journalistes de Stuff rapportent notamment l'affaire concernant un député de la noblesse, Lord Tu'ilakepa. Il a été accusé d'avoir accepté un pot-de-vin de la part d'un baron colombien de la drogue, Obeil Antonio Zuluaga Gomez, qui voulait se servir des Tonga pour acheminer de la cocaïne en Australie et en Chine. Les poursuites ont finalement été abandonnées, la justice estimant l'affaire trop compliquée et considérant que des écoutes téléphoniques australiennes ne pouvaient pas être prises en compte.
 
Dans cette enquête sont désignés d'autres acteurs présumés de ces trafics : les personnes déportées par les États-Unis, l'Australie et la Nouvelle-Zélande. L'expérience de l'Amérique centrale le montre, ces renvois d'anciens prisonniers dans des pays qu'ils ne connaissent pas bien voire pas du tout est une « bombe à retardement », prévient Melino Maka :
 
« C'est un avertissement pour le gouvernement actuel, mais aussi pour notre communauté. On doit en parler ouvertement. Les déportés font peser une menace sur le pays, certains n'ont aucun lien culturel avec les Tonga, ils ont quitté le royaume à l'âge de 4 ans et ils reviennent à plus de 50 ans… La Nouvelle-Zélande pourrait constituer un marché pour les activités illégales et notamment pour la vente d'ice. »
 
Trois Tongiens sont accusés d'avoir cherché à importer 500 kg d'ice en Nouvelle-Zélande, en juin dernier.
Saisie de 500 kg d'ice en juin dernier.

 

Le site Stuff revient aussi sur les ventes de passeports. Ce n'est pas nouveau aux Tonga, ni dans le reste du Pacifique, mais cela pourrait être utilisé par des trafiquants de drogue pour éviter de se faire remarquer, estiment les journalistes enquêteurs.
 
Malgré tous ces problèmes, l'espoir est permis. Les autorités tentent d'installer un comité anticorruption. Le comité existe en fait depuis 2008, mais des questions de procédure ne cessent de retarder sa mise en place concrète. Un noble, Lord Fusitu'a, a récemment appelé le gouvernement à nommer au plus vite un commissaire à la tête de cette organisation anticorruption.