Traité contre la pollution plastique : les micro-États du Pacifique et des alliés dénoncent "l'obstruction continue" d'un groupe de pays

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L'Union européenne et une coalition de pays latino-américains, africains et de micro-États du Pacifique ont dénoncé dimanche 1er décembre "l'obstruction continue" d'un groupe de pays producteurs de pétrole dans les négociations en cours à Busan, en Corée du sud, visant à établir le premier traité international contre la pollution plastique.

Le ton monte à Busan, en Corée du Sud, où les pays favorables à un traité ambitieux contre la pollution plastique ont accusé un petit groupe d'États de bloquer les négociations, à quelques heures de l'échéance.

"Nous sommes inquiets de l'obstruction continue de pays", a déclaré la ministre française de l'Énergie Olga Givernet lors d'une conférence de presse aux côtés des délégués du Panama, du Mexique, des îles Fidji, du Rwanda et de l'Union européenne. "Nous sommes la coalition de ceux qui veulent" un traité ambitieux, a déclaré le représentant des îles Fidji, Sivendra Michael, au dernier jour des négociations, censées déboucher dimanche soir ou lundi matin à l'aube, sur un texte de traité.

Si vous ne nous rejoignez pas pour obtenir un traité ambitieux (...) alors partez !

Sivendra Michael, délégué des îles Fidji

"Coalition des hautes ambitions"

Mais aucun représentant de pays comme la Chine et les États-Unis, les deux premiers producteurs de plastique dans le monde, ni de la Russie ou des autres pays producteurs de pétrole n'était présent à la conférence de presse de la coalition. Si un accord n'intervenait pas avant la fin des négociations, la cheffe de la délégation mexicaine Camila Zepeda a fait valoir que ces pays pouvaient d'ores et déjà commencer à avancer ensemble pour limiter l'impact de la pollution plastique.

"Le plastique au Panama est une arme de destruction massive (...) nous sommes ici pour négocier le traité mondial le plus important pour la survie de l'humanité", a fait valoir Juan Carlos Monterrey, le représentant du Panama. Selon cette coalition nouvellement formée d'une soixantaine de pays, le texte en cours de négociation devrait comporter à la fois des restrictions sur la production mondiale de plastique et une liste de produits dangereux annexée au traité. Ce que des pays comme l'Arabie saoudite, la Russie ou l'Iran, producteurs du pétrole – la matière première du plastique -, refusent osbtinément depuis le début de la semaine. Ils estiment que le futur traité doit uniquement concerner la gestion des déchets et le recyclage.

Nouvelle conférence ?

Certains diplomates évoquent la possibilité que la conférence s'achève sans traité. "Je pense que certains d'entre nous ont déjà en tête" une nouvelle réunion après Busan pour continuer à négocier, a déclaré la déléguée portugaise Maria João Teixeira. "Nous espérons un consensus. Le processus multilatéral est lent, mais il est possible d'atteindre une masse critique pour aller de l'avant", a estimé Camila Zepeda, la cheffe de la délégation mexicaine. Elle non plus n'a pas exclu l'organisation d'un sixième cycle de négociations après Busan. Busan "n'est pas un échec, parce que nous avons une coalition d'une grande majorité de pays qui sont prêts à aller de l'avant", a-t-elle dit.