C'est une structure d'ordinaire très discrète, à l'abri du passage des patients du Médipôle à Dumbéa. Chargée de la préparation des traitements de chimiothérapie, l'unité de reconstitution des cytotoxiques nous a exceptionnellement ouvert ses portes, mardi 4 février, dans le cadre de la journée mondiale du cancer.
Premier constat : une extrême rigueur est de mise pour le personnel, car le bâtiment, isolé du reste du CHT par un sas de sécurité, stocke des produits dangereux. Au sein des locaux, le port du masque est obligatoire pour éviter toute contamination.
Deux préparatrices confectionnent les poches et les seringues. "Elles sont deux parce que tout doit être vérifié en double : le nom du patient, le placement de la bonne molécule dans la bonne poche", indique Audrey Folcher, pharmacienne au Médipôle. Toute erreur doit absolument être évitée car les produits s'avèrent très onéreux en plus d'être dangereux.
L'unité achète des flacons industriels et la dose est ensuite individualisée, adaptée à chaque patient selon la prescription du médecin hématologue ou oncologue.
10 000 poches l'année dernière
Les molécules utilisées pour les traitements spécifiques de chaque patient sont précieusement conservées dans une armoire médicale. Longtemps orientée vers les cytotoxiques purs, la gamme s'ouvre de plus en plus aux anticorps monoclonaux, "qui sont plus ciblés sur les cellules cancéreuses et vont ainsi faire moins de dégâts chez les patients", souligne Audrey Folcher.
Une fois préparés, les traitements de chimiothéraphie sont vérifiés en dehors de l’unité. En 2024, plus de 10 000 poches sont sortis de cette pharmacie essentielle pour l'accompagnent des patients atteints d'un cancer.
"Cela représente à peu près 650 patients, qui ont reçu au moins une chimiothérapie. Le chiffre est en augmentation", note la pharmacière hospitalière Caroline Fokalkowski, qui explique la tendance par le vieillissement de la population.
Des soins utilisés dans le Nord
Prêtes à être utilisées à la sortie de la pharmacie, les poches de chimiothérapie sont envoyées par tubes pneumatiques vers les différents services du CHT. Dans le service oncologie de l’hopital de jour, le nombre de patients est en hausse depuis l’année dernière.
"Depuis deux, trois semaines, entre l'oncologue et l'hématologue, on est à six à huit patients nouveaux qui sont vus en consultation et qu'on reprogramme pour de la chimiothérapie", indique François Phadom, coordinatrice oncologie au service du jour du CHT.
Si les traitements sont préparés en province Sud, le Centre hospitalier du Nord bénéficie lui aussi des poches de la pharmacie du Médipôle. Avec la réduction des offres de soin à Koumac et à Poindimié, toutes les chimiothérapies sont désormais centralisées à Koné.