"On a peu de visibilité, on est très loin, on a peu de moyens" : les territoires du Pacifique s'unissent au Salon de l'Agriculture 2025

Pour la première fois, la Nouvelle-Calédonie, la Polynésie française et Wallis et Futuna dispose d'un espace commun au Salon de l'Agriculture.
Pour la première fois, la Nouvelle-Calédonie, la Polynésie française et Wallis et Futuna disposent d'un espace commun, le "village du Pacifique", au Salon de l'Agriculture. En mutualisant leurs efforts, les chambre d'agriculture des territoires espèrent mutualiser les recherches de financement et trouver de nouveaux débouchés.

L’année dernière, l’agriculture calédonienne s’exposait sur 125 m² au Salon de l’Agriculture. Mais les émeutes de mai 2024 sont passées par là et, faute de financement, pour cette édition 2025, la Nouvelle-Calédonie n’a même pas de stand dédié à ses producteurs. Le territoire est tout de même présent : la Nouvelle-Calédonie, Wallis et Futuna et la Polynésie française partagent pour la première fois un espace au parc des expositions de la Porte de Versailles. Le "village du Pacifique" s’étend sur 500 m² : on y trouve de la vanille, des perles, des produits de beauté au monoï, des confitures, du rhum de Tahiti...

"On a un stand très réduit, on n’a pas de stand de vente", commente Jean-Philippe Bougault, élu à la Chambre d'agriculture et de la pêche de Nouvelle-Calédonie. Seules des dégustations sont proposées. La délégation calédonienne a fait venir 120 kg de bœuf, 60 kg de thon et 60 kg de crevettes. "Si on est là, c'est grâce à la coopération qu’il y a eu avec Wallis et Futuna et la Polynésie. Ils nous ont accompagnés, y compris financièrement. Sinon, on n’aurait pas pu venir", explique-t-il.

L’idée de réunir les trois territoires du Pacifique dans un seul espace n’est pas nouvelle. "C’est un projet qu’on a conçu l’année dernière pour avoir plus de visibilité", raconte Denis Ehrsam, le directeur général de la Chambre de commerce, de l’industrie, des métiers et de l’agriculture de Wallis et Futuna. C’est la cinquième fois que le territoire est représenté au Salon. "Quand on a commencé, on était sur un coin de table", explique-t-il, en écartant à peine les bras pour mimer l’espace disponible à l’époque. "On a peu de visibilité, on est très loin, on a peu de moyens", abonde Marc Fabresse, le directeur général de la Chambre de l'agriculture et de la pêche lagonaire de Polynésie française. D’où la nécessité de mutualiser.

Parler d'une seule voix

Les agriculteurs des territoires du Pacifique veulent aller plus loin en rejoignant une fédération. La convention qui doit la créer sera signée ce mardi soir. "La fédération, c’est un peu le même principe : mutualiser les pratiques, faire des échanges d’agriculteurs stagiaires, aller chercher des financements ensemble…", résume Denis Ehrsam.

L'un des stands dédiés à la Polynésie, le 25 février 2025.

"Les problématiques techniques qu’on peut avoir sont souvent les mêmes dans les zones insulaires, complète Jean-Philippe Bougault. En Nouvelle-Calédonie, on est un peu plus en avance sur le plan maraicher, or Tahiti veut le développer. Il y a des partenariats à trouver." 

Il faut qu’on travaille ensemble, on a les mêmes réalités.

Marc Fabresse, directeur général de la Chambre de l'agriculture et de la pêche lagonaire de Polynésie française.

Le partenariat comporte aussi un aspect commercial : la Nouvelle-Calédonie, dont le marché intérieur s’est effondré après les émeutes de mai, cherche de nouveaux débouchés. Les éleveurs calédoniens espèrent vendre leur bœuf en Polynésie et à Wallis et Futuna, des territoires qui produisent peu et s’approvisionnent principalement en Australie et en Nouvelle-Zélande.

"L’objectif est d’ouvrir de nouveaux marchés sur l’extérieur. Les évènements [de mai 2024, ndlr] ont rebattu les cartes, résume Jean-Philippe Bougault. On a énormément de chômeurs, donc on a une grosse baisse de consommation et une baisse du panier moyen. Les gens privilégient l’essentiel." Lui-même est horticulteur : depuis les émeutes, la partie de son activité tournée vers l’ornemental a "quasiment été divisée par quatre".

L’idée de se regrouper pourrait inspirer d’autres territoires, notamment Saint-Barthélemy et Saint-Martin. "Ils trouvent la démarche intéressante", assure Denis Ehrsam, le directeur général de la Chambre de commerce, de l’industrie, des métiers et de l’agriculture de Wallis et Futuna.