C’est au théâtre Les Déchargeurs au cœur de Paris que Lolita Monga a donc pris ses quartiers pour quelques semaines et c’est là que nous convenons de nous retrouver pour notre entretien. Elle tient à nous rencontrer en présence de son metteur en scène et ce n’est donc pas une mais finalement deux invités qui se succéderont au micro de l’Oreille est hardie ! Un signe de l’importance du travail en collaboration qu’affectionne visiblement Lolita Monga. Elle a en effet élaboré ce spectacle Trois femmes et la pluie avec Laurent Fréchuret, auteur et metteur en scène qu’elle a rencontré lors de sa venue à la Réunion ; puis il a monté l’une des pièces de Lolita Monga. Et elle le retrouve maintenant pour cette adaptation de trois textes sélectionnés par leurs soins.
Découvrez le teaser du spectacle Trois femmes et la pluie :
Trois auteurs, trois textes, trois femmes
La femme dans tous ses états. Voilà la thématique que la compagnie Lolita Monga a souhaité aborder. La compagnie… et Lolita Monga elle-même ! L’autrice, comédienne et metteuse en scène a éprouvé le besoin de centrer sa créativité sur ses propres interrogations de femme, artiste, âgée de cinquante-sept ans, en proie à une certaine forme de rétrospective et aux prises avec ses désirs de réaliser encore beaucoup de choses. D’où l’idée de retrouver ces questionnements à travers des textes d’auteurs qui ont mis en exergue la femme. Et d’où l’idée d’interpréter plusieurs femmes, à des âges et considérations différentes, comme pour symboliser ce que serait l’évolution de la pensée et des sentiments d’un seul et même personnage aux voix multiples.
Le choix de la comédienne et du metteur en scène se portera au final sur un texte de Rémi de Vos, avec son personnage de jeune femme s’éveillant à la sexualité ; un autre de Carole Fréchette, contant l’histoire d’une femme de la quarantaine et d’une bien étrange vente aux enchères et enfin, un texte de Daniel Keene mettant en scène une femme au soir de sa vie. Lolita Monga les interprète toutes les trois, sans déformer sa voix, sans effet excessif pour les distinguer, jouant subtilement sur des styles vestimentaires pour habiller et habiter ses trois personnages et les faire pleinement vivre sous nos yeux.
Une comédienne et un musicien au diapason
La sobriété de la mise en scène permet de faire ressortir chaque mot de ces textes dont s’empare Lolita Monga. Et l’accompagnement musical joue pour beaucoup aussi dans l’unité du spectacle. Comme dans son Poème confiné d’Outre-mer, Lolita Monga n’est pas seule sur scène, elle est accompagné du musicien Sébastien Lejeune, alias Loya, qui joue cette fois une toute autre partition : d’une musique évoluant autour des racines et de l’identité créole - et qui n’était pas de son cru - dans le Poème…, Loya fait résonner davantage la guitare électrique et des sonorités "rock" pour accompagner les voyages effectués par les trois protagonistes du spectacle. Une sorte de personnage à part entière présent tout au long de la pièce, interprétant sa partition à l’unisson de la comédienne Lolita Monga.
Écoutez l’Oreille est hardie avec Lolita Monga et Laurent Fréchuret
Le metteur en scène revient en détails sur la façon dont il a conçu ce spectacle qui repose en grande partie sur la présence et le jeu d’actrice de Lolita Monga. Cette dernière, également metteuse en scène et autrice, évoque aussi toutes les difficultés qui se posent encore aujourd’hui pour les compagnies venues des Outre-Mer. Difficultés pour montrer leurs spectacles et les faire tourner dans l’Hexagone et plus loin. Des obstacles qui étonnent et qui soulèvent l’incompréhension de Lolita Monga, même encore après trente ans de métier.
Lolita Monga, accompagnée de Laurent Fréchuret, c’est dans l’Oreille est hardie, par ICI.
Ou par là :
"Trois femmes et la pluie", mise en scène de Laurent Fréchuret (jusqu’au 26 mars 2022) et "Poème confiné d’Outre-mer" de Lolita Monga (jusqu’au 31 mars 2022) au théâtre Les Déchargeurs à Paris. Puis en tournée à la Réunion, en Martinique, à Haïti et au Canada.