Crise de la Covid : Bora Bora vidée de ses touristes

Bora Bora déserte.
La crise de la Covid est derrière en Polynésie, déconfinée depuis le 21 mai. Mais les vols internationaux, eux, ne reprendront pas avant juillet et avec des conditions sanitaires strictes pour les arrivants. Conséquence : le secteur touristique est touché de plein fouet, à commencer par Bora Bora.
Bora Bora compte 10 000 habitants. Toute l'économie repose sur le tourisme. Hôtels et prestataires touristiques sont donc touchés de plein fouet par la crise post-covid. "Toute l'île de Bora Bora est en souffrance," avait déclaré le président Edouard Fritch, à la veille du déconfinement général, le 20 mai dernier. Car si la Polynésie est déconfinée, les vols internationaux, eux, sont suspendus depuis fin mars et vraisemblement jusqu'au mois de juillet. Les touristes internationaux ne sont pas prêts de fouler à nouveau la plage de Matira.
 

De 120 000 touristes au vide total

Bora Bora reçoit habituellement 120 000 touristes chaque année. Elle devra désormais compter sur les quelques touristes locaux. "En ce moment, nous sommes à deux rotations par jour, déplore le capitaine de la navette maritime qui assure la liaison avec le motu de l'aéroport. Un vol Air Tahiti le matin et un autre l'après-midi. D'habitude, c'est dix rotations par jour."

Car les vols domestiques Air Tahiti ont bien repris le 25 mai dernier. Mais la clientèle locale se fait rare. Elle ne représente que 10 à 15% de l'occupation des grands hôtels. En-dessous de 40% d'occupation, le seuil de rentabilité n'est pas atteint et les grands hôtels préfèrent rester fermés. Pour l'heure, seule la petite hôtellerie a fait le pari de la réouverture.
"Les gens reviennent très doucement et font très attention à ce qu'ils dépensent, constate Stéphane Bonjour, restaurateur depuis 12 ans à Vaitape. C'est un petit-déjeuner pour deux, par exemple...On a 40 places assises. Actuellement, on doit faire 15 couverts par jour. Les six prochains mois à venir vont être très compliqués à vivre. C'est la première fois que je vois ça."

Ce mardi 26 mai, les prestataires touristiques de l'île se sont réunis pour évoquer leur situation. "Nous tournons à 90% avec les touristes, beaucoup d'Américains...Donc là, mon activité est à l'arrêt total," déplore l'un d'entre eux. "On n'a vraiment plus rien. Si les hôtels n'ouvrent pas, on ne peut pas travailler," avertit un autre.
 

Privilégier les jets privés ?

Le maire de l'île, Gaston Tong Sang, tout juste réélu pour un sixième mandat, est préoccupé. 3 000 de ses administrés restent sans activité, en attente de la reprise des vols internationaux. "Comment relancer l'économie dans une île où nous dépendons essentiellement de l'extérieur, notamment des liaisons aériennes internationales ? [...] Et il y a très peu d'annulations. Les hôtels de Bora Bora sont toujours à 70% de remplissage au mois de juillet et août, c'est rassurant. Je vais proposer à l'Etat et au Pays de privilégier les touchers directs, ici à Bora Bora, avec des jets privés. Les clients sont plus faciles à contrôler."
 

Vers des zones de tourisme réservé ?

De son côté, le Pays essaie de mettre en place des procédures pour l'accueil des touristes. Pour l'heure, si les vols internationaux doivent reprendre au mois de juillet, les arrivants doivent se plier à un protocole sanitaire strict : un test Covid négatif 72h avant le départ et 14 jours de quarantaine à l'arrivée assortis d'un nouveau test. De quoi en dissuader plus d'un. "Nous travaillons à l'ouverture d'une zone où le tourisme serait réservé, explique le ministre de la santé, Jacques Raynal. Néanmoins, on se heurte au nombre de personnes susceptibles de venir pour que ce soit économiquement possible."

Tout le monde s'accorde en revanche pour reconstruire une économie sur des bases plus solides, moins dépendante du marché extérieur.
 
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