FIFO 2025. Les réactions des vainqueurs et du jury. "Ce palmarès, c’est la vérité de l’Océanie", Nunë Luepack, jury

Allan Clarke, vainqueur
Le 22e FIFO a une fois de plus mis à l’honneur les récits océaniens et autochtones. Entre engagements forts et émotions intenses, le palmarès reflète la diversité et la richesse des voix du Pacifique. Retour sur une cérémonie marquée par des choix de cœur et des messages plein de promesses.

Le documentaire australien "The dark emu story" a décroché le grand prix FIFO-France Télévisions. Un choix qui a fait l’unanimité pour les membres du jury, présidé par Ben Salama. "Ce film pose une question fondamentale pour tous les peuples colonisés. Avec la colonisation, l’histoire a toujours été écrite par les vainqueurs. The dark emu story réécrit l’histoire d’un point vue aborigène".

Le jury de ce 22e FIFO

Le jury, composé de professionnels aux parcours et origines variés, a vécu "des échanges riches et passionnés, professionnellement comme humainement", admet Ben Salama. L’attribution des prix spéciaux a été, de l’avis du président, "cornélien".

Un palmarès est toujours injuste, pardon ! Tous les films sélectionnés sont de grands documentaires, la récompense est déjà d’en faire partie. 

Ben Salama

Allan Clarke, réalisateur du film primé : une victoire pour les récits autochtones

Allan Clarke

Lauréat du grand prix FIFO-France Télévisions, Allan Clarke connaît bien le FIFO : l’an dernier, il faisait partie du jury et en 2022, il remportait le 1er Prix Spécial avec "The Bowraville Murders", un documentaire poignant sur la disparition de trois jeunes Aborigènes. Cette année, il exprime sa fierté et son émotion : "C’est incroyable. J’ai tellement de respect pour le FIFO, ses organisateurs et particulièrement pour son jury. Nous venons de différents endroits du Pacifique, mais nous partageons les mêmes histoires de bien des façons."

Pour lui, cette reconnaissance dépasse les honneurs : "Ce qui compte, c’est de montrer, d’entendre et de diffuser la voix des indigènes. Que nous puissions raconter nos histoires, fabriquer nos archives de notre point de vue, pour notre avenir et pour les générations à venir."

Des prix spéciaux engagés 

Le 1er Prix Spécial a été attribué à "Trans & pregnant", un film de Ramon Te Wake qui met en lumière le chemin vers la parentalité d’un homme trans et de son époux. "Merci au FIFO de mettre en lumière la vie des personnes trans, d’avoir osé ce chemin. Je suis tellement heureuse de partager ce palmarès avec mes ami(e)s du film FIER.E.S !" s’est exclamée la réalistrice néo-zélandaise.

La réalisatrice de Trans & Pregnant, Ramon Te Wake

Le 2e Prix Spécial et le Prix du Public ont couronné le film de Raynald Mérienne, "FIER.E.S, la voix du Pacifique". Profondément ému, il espère que son travail contribuera à faire évoluer les mentalités : "J’espère que ce film aidera toutes ces femmes et tous ces hommes à trouver l’acceptation, la tolérance et le bonheur."

L'équipe de FIER.E.S

Un moment d’émotion partagé

Sailali, Reretini et Lalita, protagonistes de FIER.E.S, étaient présentes à la cérémonie et n’ont pas caché leur émotion. "C’est beaucoup de joie", confie Sailali, tandis que Reretini affirme être "super fière". Quant à Lalita, entre rires et larmes, elle adresse ce message : "Merci mon peuple d’avoir voté. Tout ce que je voulais, c’est que l’on soit entendues. Nous avons besoin de votre soutien pour avancer vers plus de reconnaissance."

FIER.E.S

Un palmarès sincère

Producteur, réalisateur et scénariste calédonien, Nunë Luepack a une histoire particulière avec le FIFO, où il a pitché son premier film en 2012. Être aujourd’hui membre du jury est une belle reconnaissance de son parcours professionnel.

Pour lui, l’évolution du cinéma océanien va dans le bon sens puisque "nous avons pris la parole pour raconter nos histoires." Mais la réalité, c’est aussi que les moyens de production sont particulièrement inégaux entre les deux poids lourds que sont l’Australie et la Nouvelle-Zélande et les autres pays de la région. Un écart qui fixe néanmoins un objectif : "la barre est haute, mais elle nous pousse à aller plus loin."

Quant au palmarès, il assume pleinement le choix du jury : "C’est le choix du cœur", reconnaît Nunë Luepack. 

"Ce palmarès, c’est la vérité de l’Océanie."

Nunë Luepak

Virginie Tetoofa a reçu le prix "Demain, Anahi", pour son documentaire "Te puna ora, source de vie".

Virginie Tetoofa a reçu le prix "Demain, Ananahi" pour son documentaire "Te puna ora"

Niko Pk16 a obtenu le prix du meilleur court métrage de fiction et Cris Romento celui du meilleur court-doc.

Prix du meilleur court-métrage de fiction, Niko PK16