Interdiction de l'acétate de vitamine E : les vendeurs de e-cigarettes déjà en règle

54 vapoteurs sont décédés en quelques mois aux Etats-Unis. En cause, l'acétate de vitamine E, contenu dans certaines recharges de cigarettes électroniques. En Polynésie, l'interdiction de cet additif, décidée hier, aura peu de conséquences, car ces produits ne sont pas en vente ici.
Mercredi, le gouvernement a interdit en urgence, pour une durée d'un an, la présence de la vitamine E dans les produits et recharges de cigarettes électroniques ou de vapotage, et a décidé également de retirer du marché les produits qui seraient déjà mis en vente. Cet épaississant se transformerait en substance collante après avoir été chauffé et inhalé.

Dans les faits, cette interdiction aura peu d’effet en Polynésie, puisque sur les quatre commerces qui font de la vente de recharges pour e-cigarettes, aucun ne vend ce type de produits. "80% de nos produits sont français, et d’autres produits sont malaisiens et anglais mais passent par l’Europe, donc tout ce qui passe par l’Europe est bien contrôlé à ce jour", explique Torea Gille, vendeur de e-cigarettes, qui affirme avoir été contrôlé récemment par la DGAE.

La réglementation française beaucoup plus stricte qu'aux Etats-Unis

Plus de 2 000 cas de pneumopathies, et 54 décès ont été recensés aux Etats-Unis, en lien avec l'utilisation de produits ou de recharges de cigarettes électroniques ou de vapotage contenant de l’acétate de vitamine E. En France, les produits à base de THC sont interdits et la réglementation sur la composition des e-liquides est beaucoup plus stricte qu’aux Etats-Unis. La polémique engendrée par ces décès a toutefois bel et bien eu de lourdes conséquences sur ces commerces.

"Tous les marchands de cigarettes électroniques ont connu une chute de 30%", déplore Torea Gille, dont les ventes remontent toutefois depuis quelques semaines.

Du côté des vapoteurs polynésiens, l’inquiétude est retombée. Certains se sont même mis récemment à la e-cigarette. Tutea, par exemple, a débuté il y a un peu moins d’un mois. "Ça ne me fait pas particulièrement peur, ça m’effraie plus s’acheter sur le net" explique ce consommateur qui préfère acheter dans une boutique "qui a pignon sur rue". C'est justement sur internet que les consommateurs risquent de trouver des produits contenant ces additifs interdits.

Pour autant, et même si la cause de ces décès soudains semble avoir été identifiée, les effets de la cigarette électronique sur le long terme restent méconnus, rappelait l’OMS en juin dernier. Laurent, vapoteur convaincu, a pesé le pour et le contre et trouve le risque sanitaire faible. "50 décès par rapport aux millions de vapoteurs dans le monde, ça me paraît quantité négligeable. Il faudrait d’abord s’attaquer à des fléaux plus importants, tel que le diesel qui fait probablement beaucoup plus de morts", juge cet avocat.

Le reportage de Nicolas Suire et Patita Savea.
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