Lutte contre les moustiques: l’Institut Malardé innove

Une délégation composée de Patrick Howell, ministre de la Santé , et de Jean-Paul Moatti, PDG de l’IRD, s'est rendue, jeudi, sur l’atoll de Tetiaroa pour prendre connaissance des résultats d’une étude innovante de l’Institut Louis Malardé contre le moustique tigre.
Cette opération, fruit d’un partenariat avec le groupe Pacific Beachcomber, l’hôtel "The Brando" et l’ONG Tetiaroa Society, utilise une approche naturelle (non OGM, organismes génétiquement modifiés). L’étude menée avec beaucoup de succès sur l’un des douze motu  de l’atoll de Tetiaroa exploite les propriétés de Wolbachia, une bactérie symbiotique naturellement présente dans un grand nombre d’espèces d’insectes comme les libellules, les abeilles mais aussi plusieurs espèces de moustiques dont le moustique tigre polynésien, Aedes polynesiensis, cible de l’opération.
 
Le procédé mis au point par l’Institut Louis Malardé repose sur la production en grand nombre, puis au lâcher régulier, de moustiques mâles rendus incompatibles par Wolbachia  (quelques centaines à quelques milliers par hectare). Contrairement aux femelles, les moustiques mâles ne piquent pas. Ils ne sont donc source d’aucune nuisance et ne transmettent pas de maladies. Ainsi lâchés, les mâles incompatibles stérilisent les femelles sauvages au moment de l’accouplement. Incapable de se reproduire, la population de moustiques ainsi traitée fini donc par s’effondrer. 
 
Contrairement aux insecticides dont le spectre d’action est très large, cette approche biologique est spécifique de l’espèce ciblée et donc sans risque pour l’homme et pour l’environnement. Financée conjointement par le gouvernement de Polynésie française et l’Etat au titre du Contrat de projets, cette étude menée par l’ILM sur l’atoll de Tetiaroa a conduit à l’effondrement, en à peine quelques mois, du moustique tigre polynésien. Les lâchers se poursuivent en vue de l’élimination. L’application du procédé au reste de l’atoll est d’ores et déja envisagée en vue d’obtenir un environnement labellisé “garanti sans moustiques”.
 
Ces travaux de l’Institut Louis Malardé suscitent un véritable intérêt, y compris hors Polynésie française. Ce procédé applicable à d’autres espèces de moustiques comme l’Aedes aegypti, principal vecteur du zika, de la dengue et du chikungunya à travers le monde, représente un axe de valorisation à fort potentiel, susceptible de répondre aux attentes des grands établissements touristiques, des communes et des autorités sanitaires du Pays. Sans être une solution miracle, ce procédé innovant dont l’efficacité est aujourd’hui avérée pourrait devenir un élément essentiel dans la prévention contre les moustiques et les maladies qu’ils transmettent.

La prochaine étape consiste à éprouver et à opérationnaliser ce procédé innovant dans des contextes diversifiés, plus vastes : autres établissements touristiques, communes, puis île tout entière. Pour y parvenir, le gouvernement de la Polynésie française a récemment accordé son soutien pour la réalisation du projet d’infrastructure InnovEntomo. Ce projet prévoit notamment la construction d’un module expérimental de production de moustiques mâles stériles d’une capacité d’environ 1 million de mâles par semaine permettant de s’engager dans des opérations d’envergure en ciblant en priorité les îles fortement peuplées et/ou très touristiques (principalement Tahiti, Moorea, Bora Bora, Raiatea, etc), autant de sites souvent précurseurs des épidémies de maladies vectorielles.

Source : communiqué Présidence