A 13 ans, elle est la seule patiente mineure de la mission cardiologie, menée la semaine du 3 mars, à l'hôpital du Taaone.
Elle souffre de troubles sévères du rythme cardiaque. A la sortie du bloc opératoire, il y a l’espoir de guérir et de mener une vie normale, grâce à une technologie de pointe, utilisée pour la première fois en Polynésie. "Le but de l'intervention doit être de localiser une petite fibre anormale dans le coeur, entre l'oreillette et le ventricule et qui fait un court-circuit, explique le professeur Pascal Defaye, responsable de l’unité de Rythmologie et Stimulation cardiaque au CHU de Grenoble, en mission au CHPF. Et une fois qu'on l'a localisée, on va appliquer un courant, qui s'appelle la radio-fréquence. On va détruire, comme avec un bistouri électrique, ce petit faisceau. Elle sera guérie à vie."
Plusieurs fois par an, des missions de ce type permettent de traiter des patients atteints de troubles du rythme cardiaque. Des gestes complexes qui évitent des évasans, mais permettent aussi d’accompagner les équipes médicales locales, en leur transmettant de nouvelles techniques.
Les maladies cardiovasculaires, première cause de mortalité
Les maladies cardio-vasculaires restent la première cause de mortalité en Polynésie. "Il y a beaucoup de patients traités, car on a beaucoup de facteurs de risques, comme dans tous les pays développés, précise le docteur Bruno Urmer, cardiologue au CHPF. Mais ici, en particulier, il y a quand même beaucoup de diabète, obésité, hypertension, des fumeurs, des patients sédentaires...et ce sont tous ces facteurs de risques qui vont donner des maladies cardiovasculaires sévères, même chez les jeunes."
Pour accéder au cœur, les médecins passent par la veine fémorale, située dans la cuisse et remontent grâce à des cathéters. Un geste précis, rendu possible grâce au travail d’équipe, et notamment les médecins anesthésistes : "notre rôle, c'est de rendre confortable la chirurgie, à la fois pour les patients et pour le cardiologue, résume le Dr Jonathan Larson, médecin-anesthésiste au CHPF. Que le patient ne sente pas la douleur, qu'il ne se souvienne pas et surtout que le chirurgien puisse faire l'opération sans difficulté et le plus rapidement possible."
L’opération a duré 1h. La jeune patiente est ressortie totalement guérie du bloc opératoire. Comme elle, une vingtaine de malades polynésiens ont ainsi pu bénéficier de cette technologie à impulsions électriques pour soigner leur cœur.