"La France peut dire ce qu'elle veut mais l'Azerbaïdjan est libre" a déclaré Oscar Temaru lundi 27 janvier, en réaction aux accusations d'ingérence portées par Manuel Valls, ministre des Outre-mer à l'encontre de l'Azerbaïdjan.
Le leader du Tavini Huiraatira se moque bien de l'avis de l'État sur la politique de "manipulation" menée par Bakou dans les territoires ultramarins. Même si l'Azerbaïdjan est taxé de pays "anti liberté", pour Oscar Temaru, la France n'a pas de leçons à donner à l'Azerbaïdjan. "Ce qu'ils ont fait ici... Les Français n'auraient jamais accepté que l'État fasse ses essais nucléaires. Combien il y a eu de morts... Jamais les Français n'auraient accepté ça" souligne-t-il.
Un Front anticolonialiste qui inquiète...ou pas
Pour rappel, les organisations anticolonialistes d'Outre mer - dont le Tavini - étaient réunies les 23 et 24 janvier à Nouméa, en Nouvelle-Calédonie. Elles ont notamment acté lors d'un congrès constitutif, la création du Front international de décolonisation, sous l'égide du Groupe d'initiative de Bakou, promu par l'Azerbaïdjan et très impliqué dans le soutien aux mouvements indépendantistes français. Le projet remonte à juillet dernier, lorsque les représentants indépendantistes s'étaient réunis en Azerbaïdjan. Plusieurs dirigeants du Tavini faisaient partie du voyage.
Le directeur exécutif du Groupe d'Initiative de Bakou, Abbas Abbasov, s'est félicité de la création officielle de ce Front. Mais les autonomistes de Polynésie s'en inquiètent. "L'Azerbaïdjan n'est pas du tout un pays de liberté bien au contraire. L'Azerbaïdjan se sert des partis trop indépendantistes pour se venger de la France" a lancé Tepuaraurii Teriitahi, représentante Tapura à l’Assemblée de Polynésie.
Le président du pays, lui, préfère prendre ses distances par rapport au combat indépendantiste mené par son parti. Pour Moetai Brotherson, il revient aux "dirigeants" du Tavini de se prononcer. Ce lundi, Oscar Temaru donne alors son opinion : "ce n'est pas l'Azerbaïdjan tout seul. 145 pays membres sont dans cette organisation et ce n'est pas eux qui vont nous empêcher de les rencontrer".
Plus tranché et fidèle à son combat, le leader du Tavini voit là une opportunité de pousser la France à ouvrir le dialogue sur la décolonisation de la Polynésie :
On ira pas tout seul. Nous avons le soutien de la communauté internationale. C'est ça l'effet nouveau.
Oscar Temaru, président du Tavini Huiraatira
Outre le soutien des autres pays comme l'Azerbaïdjan, Oscar Temaru rappelle également que l'exploitation des nodules pollymétalliques sous-marins présents dans la ZEE polynésienne pourrait permettre d'atteindre son objectif d'indépendance. "En 1986, je suis intervenue à l'Assemblée territoriale pour parler de l'indépendance. C'était le début. On disait qu'on n'avait pas de ressources. J'ai envoyé un caillou de Faaa pour dire que si, mais il faut le savoir quoi. Et Gaston avait répondu 'regardez-moi ce jeune homme le peuple demande du pain et il nous amène des cailloux'. Aujourd'hui plus personne n'en parle parce qu'ils savent tous qu'effectivement il y a toutes ces ressources-là. C'est un pays très très riche. Et c'est à la jeunesse de faire un choix" conclut Oscar Temaru.