Chirurgie du dos: un expert de Paris change la vie de 7 enfants du fenua

Les tiges de métal ont été retirées après 8 ans à cause d’une infection chronique. Un microbe a infecté la cicatrice et le matériel
Il est un grand spécialiste des déformations du dos de l’enfant. Le professeur Vialle, chirurgien chef de service à l’hôpital Trousseau à Paris, est actuellement à Tahiti. Une mission de soins et d’expertise avec des interventions sur des cas complexes. 7 enfants de 10 à 16 ans ont ainsi pu se faire opérer d’une scoliose grave qui aurait en principe dû faire l’objet d'une evasan sur Paris.

Redresser les colonnes vertébrales, c’est son métier. Le Dr Raphaël Vialle, chirurgien orthopédique est spécialisé dans les scolioses de l’enfant. Cette semaine, 6 enfants ont eu droit à ses soins. Ce matin, un 7e patient subit une intervention différente. Les tiges de métal ont été retirées après 8 ans à cause d’une infection chronique. Un microbe a infecté la cicatrice et le matériel. "On a donc retiré le matériel" explique le docteur Raphaël Vialle, chirurgien orthopédique et pédiatrique. "Au bout de presque 10 ans, la scoliose s'est stabilisée en fusionnant. S'il n'y a pas d'infection, les patients peuvent garder leur prothèse toute la vie".

Sur la radio, une scoliose de plus de 10 degrés

Ces interventions sur le territoire sont une véritable chance. Elles évitent aux patients de devoir partir en évacuation sanitaire. Outre l’intérêt psychologique pour les enfants et leur famille de ne pas avoir à se déplacer plusieurs mois à l’autre bout du monde, l’avantage est financier. Le déplacement de cet expert et de son matériel a coûté 60.000 euros, soit plus de 7 millions de FCP. Il est largement rentabilisé. "Car une evasan coûte jusqu'à 12 millions de FCP" précise le Dr Karim Djenadi, chef du service d'orthopédie du CHPF.

S'il n'y a pas d'infection, les patients peuvent garder leur prothèse toute la vie

Se tenir enfin droit, en évitant le coût et le stress d'une evasan

En salle de réveil, la patiente opérée lundi est trés heureuse de se tenir enfin droite. Elle pourra reprendre le sport, et fini les douleurs. Vairani Poetai-Toofa, 15 ans, se confie tout sourire: "le corset, ça me faisait mal, je me sens libérée". Sa mère, Laetitia, est très émue. Elle réalise que la vie de sa fille va changer. "Je la voyais comme une adolescente qui voulait se cacher, ne pas montrer son corset, ne pas subir son handicap en public. La voir aussi heureuse, c'est merveilleux !"

"Je la voyais comme une adolescente qui voulait se cacher, ne pas montrer son corset, ne pas subir son handicap en public. La voir aussi heureuse, c'est merveilleux"

Le docteur Mathilde Gaumé, également experte en chirurgie orthopédique, a accepté de travailler un an au Centre hospitalier de Polynésie. Elle redit l’intérêt du dépistage qui peut être réalisé très facilement par un médecin, ou même un parent. "Il suffit de faire pencher l'enfant en avant, et de constater ou pas s'il y a une petite bosse dans le dos. Le corset est comme un tuteur, qui évite que les scolioses s'aggravent ensuite".

Les scolioses apparaissent chez les jeunes entre 8 et 10 ans. Elles sont en général héréditaires, et touchent 2% de la population mondiale.