Enquête: A la recherche du vertueux CBD thérapeutique, aux côtés des scientifiques de l'ILM

Alors que la métropole poursuit son expérimentation de vente de CBD en pharmacie, la Polynésie attend toujours sa loi de Pays
La culture de cannabis thérapeutique est actuellement en phase d’expérimentation à l’institut Louis Malardé à Paea. 3 conteneurs ont été mis en place pour faire pousser la plante en intérieur. L’objectif est clair pour l’Institut: obtenir une plante qui génère un maximum de fleurs tout en gardant un taux de THC inférieur à 0,3%.

Derrière cette porte se cache un trésor bien gardé par l’institut Louis Malardé : des plants de cannabis destinés à la recherche médicale. Pour le moment, la culture se fait en intérieur, dans un conteneur, à l'abri des regards. Une méthode pratique pour contrôler la croissance de la plante. "Dans les cultures indoor, on peut contrôler la température et l'humidité de la pièce" explique Sébastien Bardury, pharmacien à l’Institut. "Nous mesurons également la concentration de l'air en Co2 et l'intensité lumineuse de ces leds, et surtout la durée des périodes de cycle lumineux".

Seule la science peut différencier les plants riches en THC. Ici à l’aide de cette machine, un chromatographe

Ici, il est demandé de porter une combinaison de protection, afin d'éviter toute contamination extérieure. 13 plants sont actuellement en culture. Ils contiennent moins de 0,3% de THC. Une fois la loi de Pays appliquée, ils ne seront plus considérés comme des substances illicites. Et justement, pour éviter d’obtenir un produit non conforme, il est important de suivre le protocole à la lettre. "Je vais changer les cycles d'humidité sur mon panneau de contrôle, car en avançant dans les cycles de floraison, il faut faire baisse ce taux". 

Chacun des 14 plants disposés dans ce container est bichonné. Température, luminosité et humidité agissent directement sur la quantité de fleurs obtenues

Le pakalolo importé en Polynésie dans les années 1970

Une fois les plants arrivés à terme, direction les laboratoires de l’Institut à Papeete. C’est ici que les fleurs sont analysées. Mais avant d’entrer, il faut montrer patte blanche, question de sécurité. À première vue, il est difficile de distinguer ces plants de leur homologue riche en THC. Seule la science peut les différencier, grâce à l’aide d'un chromatographe. "Le pakalolo a probablement été importé dans les années 1970" rappelle Édouard Suhas, responsable du laboratoire des substances naturelles à l’ILM. "Ses producteurs recherchaient les effets psychotropes. Donc le THC. Nous, ce qu'on nous a demandé, c'est de nous intéresser à la filière thérapeutique à travers les plans produisant du CBD -dit aussi cannabidiol-. Et ici il n'y en a pas !". L'institut a donc du importer des graines chez des semenciers reconnus, afin de pouvoir développer la production locale".

Le responsable du laboratoire des substances naturelles à l’ILM a du importer les plantes chez les semenciers agréés

Objectif: obtenir une plante qui génère un maximum de fleurs tout en gardant un taux de THC inférieur à 0,3%

Pour l’heure, l’ILM est dans l’attente des arrêtés d’application délivrés par la direction de l’agriculture afin d’entamer la phase expérimentale de culture en extérieur.