Front international de décolonisation : Les "dernières colonies françaises" en congrès à Nouméa

Les représentants des composantes du FLNKS réunis en conférence de presse, jeudi 23 janvier 2025.
Après Bakou en Azerbaïdjan, c'est en Nouvelle-Calédonie que des représentants de mouvements indépendantistes de plusieurs territoires ultramarins et de Corse, se réunissent ce jeudi 23 et vendredi 24 janvier, pour le congrès constitutif du "Front international de décolonisation", a annoncé ce jeudi un responsable du FLNKS calédonien.

Parti nationaliste corse, FLNKS de Nouvelle-Calédonie, Tavini Huiratiraa en Polynésie. Ils se sont donné rendez-vous en Nouvelle-Calédonie.

"Des poissons dans le bocal colonial"

Ce "Congrès des dernières colonies françaises" regroupe les représentants de six territoires français et deux néerlandais. Sont réunies la Martinique, la Guadeloupe, la Guyane, la Nouvelle-Calédonie, la Corse et la Polynésie française, pour ce qui concerne la France. Côté néerlandais, Bonaire et la partie sud de l'île de Saint-Martin (Sint Maarten).

L'objectif est de décider d'actions communes, a précisé Francis Carole, président du Parti pour la libération de la Martinique (Palima). "Nous ne pouvons pas rester des poissons d'agrément dans le bocal colonial", a-t-il affirmé. Ce congrès doit "décider du nom, de la charte politique et des statuts du Front international de décolonisation", a expliqué, dans une vidéo publiée sur les réseaux sociaux, l'indépendantiste martiniquais Francis Carole.

"Nous accueillons dans nos murs les frères du Front international de décolonisation qui se sont réunis il y a quelques mois en Azerbaïdjan et qui aspirent eux aussi à être libérés du joug colonial", a déclaré en marge d'une conférence de presse Aloiso Saiko, du Front de libération nationale kanak et socialiste (FLNKS).

Le Baku Initiative Group (BIG), une organisation promue par l'Etat azerbaïdjanais, très impliquée dans le soutien aux mouvements indépendantistes français, a relayé sur ses réseaux sociaux l'évènement de jeudi et vendredi à Nouméa.

Selon Dominique Fochi, le secrétaire général du parti indépendantiste calédonien Union calédonienne (UC), les participants au "congrès des dernières colonies françaises" doivent ensuite se rendre au congrès du FLNKS, organisé ce samedi 24 et dimanche 25 janvier, dans le fief indépendantiste de Saint-Louis, au Mont-Dore.

L'ombre de Bakou 

Bien qu'absent lors de cette réunion, l'ombre de l'Azerbaïdjan plane sur cette réunion. En effet, depuis l'année dernière, Bakou ne mâche pas ses efforts pour favoriser les rencontres entre les représentants de formations indépendantistes français.

En juillet 2023, le "Groupe d’Initiative de Bakou" avait été créé, avec pour objectif déclaré de soutenir "les mouvements anti-coloniaux".  L'Azerbaïdjan avait alors invité des indépendantistes de Martinique, de Guyane, de Nouvelle-Calédonie et de Polynésie française à Bakou pour une conférence. 

En avril 2024, le Tavini Huiraatiraa a signé un mémorandum avec le "Groupe d'Initiative de Bakou", cet organisme international créé en juillet, par le gouvernement d'Azerbaïdjan, pour lutter contre le "colonialisme français". Corruption, manquements aux droits de l’homme : ce pays, considéré comme l'un des plus autoritaires au monde, est pourtant en conflit diplomatique avec la France, à cause du soutien de l’Hexagone à l’Arménie Quelques semaines plus tard, le ministre de l'intérieur de l'époque, Gérald Darmanin, fustigeait la signature de ce partenariat.

Depuis plusieurs mois, Paris accuse Bakou d'"ingérence" et de manipulation sur la Nouvelle-Calédonie, et plus généralement sur les Outre-mer, dans un contexte de tensions entre les deux capitales, en raison du soutien de la France à l'Arménie, le rival historique de l'Azerbaïdjan.

Fin mai 2024, ce sont des cadres du parti bleu ciel qui se sont rendus à une conférence sur la décolonisation de la Polynésie française, toujours en Azerbaïdjan.

En juillet 2024, des représentants de formations indépendantistes françaises s'étaient accordés sur la création d'un "front de libération" commun lors d'un congrès organisé en Azerbaïdjan, en pleine tension entre Paris et ce pays du Caucase.

Pour rappel, l’Azerbaïdjan figure parmi les régimes les plus autoritaires et les plus répressifs au monde. La quasi-totalité des médias est sous le contrôle des autorités et de nombreux opposants politiques ont été jetés en prison. Reporters sans frontières classe le pays à la 151e place sur 180. Et Transparency international place l'Azerbaïdjan parmi les très mauvais élèves en termes de corruption (154e position sur 180).