"On est loin de tout et c'était notre challenge de les faire venir au Heiva Taure'a" : les collégiens de Rikitea préparent leur grande première à To'atā

Les collégiens de Rikitea en pleine préparation au Heiva Taure'a.
La 8ème édition du Heiva Taure'a est prévue du 06 au 08 mars à To'atā. Cet événement culturel réunit des centaines de jeunes artistes et permet aux collégiens de tous les archipels de s'exprimer sur la mythique scène de Papeete. 39 élèves du collège St Raphaël de Rikitea y participeront pour la toute première fois.

Ils fouleront la scène de To'atā pour la toute première fois le 7 mars prochain. 39 élèves du collège de Rikitea participent au Heiva Taure'a. Parmi eux, six sont internes, dont une originaire de Tureia et les autres, de Mangareva. Ils préparent leur spectacle avec ardeur depuis plusieurs mois, guidés par les conseils de Tumata Vairaaroa, enseignante de ori Tahiti.

C'était important de valoriser ces élèves.

Tepoe Dorchain, professeur de français et porteur du projet.

Une expérience incroyable pour ces jeunes qui viennent de très loin. "On voulait présenter le groupe du collège parce que je pense qu'il y a des talents qui méritent d'être développés, valorisés. L'avantage c'est qu'on a pu raccrocher à ce projet énormément de compétences : travailler des compétences pédagogiques, des compétences artistiques, on a aussi des talents de dessinateurs, de chanteurs, de choristes et de musiciens. On est un collège assez loin de tout et c'était notre challenge de les faire venir au Heiva Taure'a cette année" explique Tepoe Dorchain, professeur de français et porteur du projet.

39 élèves vont fouler la scène de To'ata.

Un mix de cultures

L'idée murit dans sa tête depuis l'année dernière, encouragée par le directeur du collège, Ani Peterano.  "Tout projet est intéressant quand il fait grandir l'élève. Ce type de projet apporte du dynamisme à l'établissement. (...) Ce que je trouve enrichissant dans ce projet : on fait de la danse tahitienne et en même temps on met leur culture à eux" exprime-t-il.

Rikitea possède en effet ses propres pas de danse et ses propres frappes musicales d'origine mangaréviens, différentes de celles pratiquées à Tahiti. "Dans la danse du pays on a ce qu'on appelle le akaipo, le tatara et il faut frapper la terre, c'est une fierté pour nous de représenter cette danse sur To'ata" confie Koerri Paeamara, ra'atira du groupe. 

Il faut aussi se familiariser avec l'utilisation des instruments et les sonorités tahitiennes.

Les 39 élèves de 6e, 5e, 4e et 3e sont épaulés par Tumata Vairaaora, qui leur apprend les bases du ori Tahiti. "Ce sont des élèves très créatifs, ça se voit qu'ils aiment leur culture. Mais voilà il faut pouvoir ordonner ces idées et les retranscrire dans un spectacle. Mon rôle est de leur donner tout le répertoire de pas de danse, de leur enseigner comment se déplacer, comment construire un filage et mettre des mots à leur gestuelle et leur émotion" décrit la danseuse professionnelle.

Cela permet aussi de dénicher des talents.

Tumata Vairaaroa, enseignante de ori Tahiti

Les élèves sont en pleins préparatifs, à plus de 1 600 kilomètres de la capitale. Un long voyage les attend.

Une histoire à découvrir le 7 mars à To'ata.

Rikitea, plus mobilisée que jamais

Ils s'envolent le 4 mars prochain vers Papeete avec sept accompagnateurs pour un retour le 11. Leur audition orale se tient le 5 mars, en amont du spectacle. Toute l'île s'est mobilisée dans ce projet notamment pour réunir les fonds nécessaires. Il faut compter environ cinq millions xpf pour les billets d'avion, les costumes et l'achet de certains instruments, la nourriture, les frais de transport en bus et en voiture, l'hébergement sur place et la rémunération d'intervenants extérieurs. 

Le projet a été rendu possible grâce à des ventes de plats, le soutien de la commune à hauteur d'un million xpf, les levées de fonds, la participation financière des élèves et le parrainage de certains élèves en difficulté.

Un symbole et beaucoup d'émotion en perspective

"On a gagné juste en les emmenant dans l'avion" se réjouit le directeur. "Et aujourd'hui je me dis qu'il y a peut-être moyen d'être sur le podium. Et puis, il y a eu des révélations, comme Esperance qui est rentrée dans la peau de son personnage et qui m'émeut à chaque fois. La première fois elle m'a donné la chair de poule, la dernière fois, c'était les larmes les yeux... Qu'est-ce qu'elle nous fera ressentir à To'atā ?!" s'exclame Ani Peterano.

Esperance est l'orateur du groupe. Elle a pris goût à l'exercice du orero. "Interpréter ces textes, c'est comme être acteur dans différents rôles. Tu es obligée de ressentir ses émotions, il faut avoir de la colère, de la tristesse" décrit la collégienne.

Les élèves ont appris les bons gestes avec Tumata Vairaaroa.

Il leur tarde tous de raconter leur histoire au public polynésien ! Peut-être seront-ils les futures recrues de grands groupes de danse...

Pour rappel, le Heiva Taure'a est un événement à la fois culturel et pédagogique qui réunit, depuis 2018, des centaines de collégiens venus de toute la Polynésie. Ce projet, créé par l'association Heiva Taure'a et soutenu par la Pays, le Conservatoire ainsi que Te Fare Tauhiti Nui, contribue à l’amélioration des résultats scolaires et vise à lutter contre l'absentéisme.

L'année dernière, c'est le collège de Hao qui a remporté le concours.