Plusieurs dizaines d’anguilles mortes ont été ramassées par des riverains dans la rivière de Tavararo, au lendemain de l'incendie d'Agritech, survenu le 29 janvier dernier. L’odeur nauséabonde a incommodé tous les riverains. L’un d’entre eux, confirme les avoir enterrées, il s'agit de Teni Rua et il raconte :
"C'est comme les chiens quand ils sont morts. C'est fort. On arrivait plus à respirer dans le quartier. Heureusement mon cousin, c'est lui qui m'a dit : "viens, on va aller les ramasser. On est parti les ramasser toutes, d'en haut, jusqu'en bas de la rivière.""
Par mesure de précaution, et sur les conseils de la direction de l’environnement (DIREN), la mairie de Faa’a a décidé de prendre un arrêté interdisant la baignade et recommandant la prudence quant à la pêche.
Cet arrêté concerne la zone du chenal de l’aéroport, depuis la rivière de Tavararo jusqu’à l'hôtel Hilton. Un arrêté pris pour ce mercredi 5 février jusqu'à une date indéfinie.
Robert Maker, le premier adjoint au maire de Faa'a, en charge de l'environnement tient à préciser que la commune "veut s'entourer maintenant de consultations ultérieures, beaucoup plus approfondies, avec des techniciens qui sont compétents dans ce domaine là, notamment sur la pollution exacte du chenal."
Le gouvernement a réagit par voie de communiqué ce mercredi 5 février en fin de journée :
"Les services du Pays conseillent de ne pas consommer de produits agricoles issus de parcelles proches du site de Tavararo. La baignade aux embouchures du canal de l’aéroport (Vaitupa et Hôtel Hilton) est également déconseillée."
Dans son communiqué, le gouvernement précise qu'il présentera une loi de pays relative aux pesticides dans les prochaines semaines. Cette loi "dotera, notamment, les agents habilités de capacités de réponses rapides et efficaces en cas de violation des normes de stockage et de commercialisation des pesticides, indépendamment des poursuites pénales qui pourraient être diligentées. De même, des mesures seront prises pour permettre à la DIREN de contrôler dans les meilleurs délais et de manière, plus régulière, la conformité des installations considérées comme présentant des risques élevés pour l’environnement et la sécurité des Polynésiens."
Le patron d’Agritech, que nous avons rencontré ce mercredi, a affirmé ne pas vouloir s’exprimer tant que l’enquête est en cours.
Le point sur les deux enquêtes
Deux enquêtes menées par l'OCLAEST, l'office lié aux atteintes à l'environnement et à la santé publique, sont en cours.
La première enquête a été ouverte en 2023 avec comme chef d'accusation "tromperie aggravée et mise en danger de la vie d’autrui". Elle fait suite à des signalements des services des administrations, qui avaient des doutes sur "la nature des produits, pas forcément bien identifiés et des étiquetages pas toujours conformes". Elle a donné lieu à la perquisition réalisée en octobre 2024,"considérant que la manière d’entreposer des produits qui sont dangereux pouvait poser question, ou créer des risques pour les personnes."
La seconde enquête, également confiée à l'OCALEST, a été ouverte le 29 janvier dernier, pour infractions de "destruction involontaire par incendie et mise en danger de la vie d’autrui". Pour l'instant, aucun lien entre les deux affaires n'a été établi. La procureure générale a soulevé, lors de son point presse ce mercredi, qu'il n'y a "pas assez d'éléments pour dire : est-ce que cet incendie est dû au fait que les produits étaient mal entreposés ou pas ? Est-qu'il y a un lien entre les deux affaires ? Je ne peux pas le dire."
Pour information, l'agence Socredo de Tavararo a fermé ses portes le mardi 4 février à 11 h du matin, à cause des émanations de l'incendie d'Agritech. Ce mercredi matin aux alentours de 9h, l'agence était toujours fermée.