Incendie d'Agritech : neuf jours après, l'air toujours "irrespirable" à Tavararo et enfin des "réponses" du Pays

L'air est toujours irrespirable à Tavararo, neuf jours après l'incendie d'Agritech.
Neuf jours après l'incendie d'Agritech à Tavararo, les riverains ont été invités à une réunion avec les élus communaux mais également une partie du gouvernement. Durant deux heures, dans la salle du conseil municipal de Faa'a, 16 familles ont fait part de leurs inquiétudes sur les produits toxiques partis en fumée et les conséquences sur leur santé. Le président Moetai Brotherson a tenté de les rassurer, tandis que l'air est toujours "irrespirable" dans le quartier.

Les ministres de la Santé, de l'Agriculture et de l'Emploi ainsi que le président du Pays ont rencontré vendredi après-midi plusieurs membres du conseil municipal de Faa'a, le chef de la sécurité de Faaa et des riverains de Tavararo. Docteur Henri-Pierre Mallet était également présent. Oscar Temaru a ouvert la réunion mais n'a pas pu y assister, étant lui aussi riverain. 

Plusieurs membres du gouvernement ont assisté à la réunion de vendredi.

Depuis l'incendie d'Agritech, l'air est toujours "irrespirable" et "insoutenable" confient plusieurs habitants, qui se sentent "oubliés".

Rackel Temahu vit avec son neveu d'un mois à Tavararo. Ses petits poumons sont déjà mis à rude épreuve.

Des dizaines d'anguilles ont été retrouvées mortes dans la rivière qui longe le quartier.

Les cadavres des anguilles de la rivière Tavararo intoxiquées. Ces images datent des jours suivants l'incendie d'Agritech survenu le 29 janvier.

Face aux inquiétudes de la population, la ville de Faa'a a pris un arrêté interdisant la baignade et la pêche au niveau du chenal de l’aéroport et de son littoral. Il a également été recommandé aux habitants et voisins de la zone de l'incendie de ne pas consommer les produits de leur fa'a'apu tant que des analyses n'ont pas été faites pour écarter les risques de contamination.

Échantillons envoyés en France

Cette semaine des prélèvements ont été effectués sur les végétaux et dans l'entrepôt incendié. Ces échantillons ont été envoyés pour analyse en France.

Les agents du centre de santé environnemental ont fait des prélèvements sur les végétaux cette semaine.

Les résultats devraient être connus, au mieux la semaine prochaine. "Il a fallu qu'on explique toute la procédure avec les exigences de l'Etat les exigences de la justice puisque vous le savez nous devons envoyer les échantillons en France pour qu'ils puissent être examinés donc ça prend un certain temps. Nous avons malgré tout demandé à notre laboratoire de Papara de faire les mêmes examens qui nous donneront un niveau indicatif mais qu'on ne pourra pas utiliser comme référence puisque seuls ceux qui viennent de France pourront être utilisés comme référence" précise Moetai Brotherson, le président du Pays.

Des échantillons ont également été prélevés dans la rivière.

En ce qui concerne l'enlèvement des déchets dans l'entrepôt, les autorités sont également dans l'attente de deux éléments : "le diagnostic amiante et le diagnostic de la structure en elle-même. On ne peut pas faire entrer de personnel tant qu'on n'a pas l'assurance que le bâtiment ne va pas s'effondrer. On aura normalement ces résultats fin de semaine prochaine, on va essayer d'être optimiste. Le déblaiement des déchets qui provoquent encore des odeurs même s'il n'y a pas de fumée pourra être fait après ces résultats" déclare le président.

Quelles solutions pour les riverains ?  

Plusieurs familles de Tavararo qui habitent à proximité de la zone de l'incendie se trouvent dans une situation critique et ne peuvent pas retourner dans leur habitation d'origine pour préserver les enfants en bas âge et les personnes âgées avec des difficultés respiratoires. Elles pourraient être relogées temporairement à Teroma. "On a identifié deux logements disponibles au niveau de Teroma et donc on les a invités à se manifester auprès de nos services. Elles seront ensuite prises en charge par l'OPH qui gère ces logements" assure Mr Brotherson. 

Pour le reste des riverains, ils peuvent se présenter au dispensaire s'ils sont indisposés. "Ceux qui ont des inquiétudes sur les effets des inhalations auxquelles ils ont pu être exposés, la procédure est simple : venir au dispensaire de Faa'a consulter. Si jamais on identifie des problèmes, ils seront réorientés vers le CHPF pour des examens complémentaires" indique le président du Pays.

L'entrepôt était tellement bien verrouillé que les pompiers ont eu du mal à accéder à l'intérieur.

 

Le gérant d'Agritech cherche à poursuivre son activité

Du côté de la société Agritech, les 23 employés pourraient bénéficier du contrat CSE, "un dispositif qui permet de soutenir l'emploi dans des cas similaires à celui-là" comme l'a suggéré la ministre de l'Emploi Vannina Crolas.

Quant au gérant, il espère trouver, avec l'aide de la mairie, un entrepôt de relocalisation de son activité le temps que celui de Tavararo soit reconstruit. 

Des indemnisations pourraient lui être demandées par les riverains, qui ont dû acheter des produits ménagers en nombre pour nettoyer leurs maisons après l'incendie. 

Deux enquêtes sont en cours concernant l'incendie d'Agritech. Pour rappel, le hangar de Tavararo avait été perquisitionné en octobre 2023 dans le cadre d'une autre enquête sur la nature des produits entreposés.