INVITÉ CAFÉ. "Les AVC touchent plus spécialement les femmes parce qu'elles ne consultent pas vite leur médecin." Sandrine Itchner, présidente du Club soroptimist international de Tahiti

Sandrine Itchner, présidente du Club soroptimist international de Tahiti
Les maladies cardiovasculaires sont la première cause de mortalité chez les femmes de moins de 65 ans. A l'occasion du concert de la femme organisée vendredi 7 mars par le Club soroptimist internbational de Tahiti, la présidente Sandrine Itchner était l'invité café de notre matinale radio.

Corinne Tehetia : Quand on parle de maladies cardiovasculaires, on sait que ce sont les maladies qui affectent le coeur et les vaisseaux sanguins mais quelles sont les maladies les plus fréquentes en Polynésie ?

Sandrine Itchner : Selon les données de 2018, on retrouve l'AVC et l'infarctus. Il y a 2 à 3 fois plus de maladies cardiovasculaires qu'en France. Il faudrait poursuivre la recherche pour savoir pourquoi. Aussi, les AVC sont la première cause de décés avant l'âge de 65 ans chez les femmes. Les AVC touchent plus spécialement les femmes parce qu'elles ne consultent pas vite leur médecin. Certaines études montrent que lorsque les femmes ont des douleurs, elles sont prises dans l'engrenage de la vie de famille et du stress psychosocial.

CT : Est-ce qu'il y a des signes avant-coureurs qui permettent d'alerter les personnes qui pourraient avoir ces maladies ?

SI : Pour l'AVC, ce sont les troubles visuels, les troubles d'élocution, les troubles à la marche et une paralysie d'un côté.

Pour l'infarctus, c'est une douleur au niveau du bras gauche qui irradie sur la mâchoire.

CT : Si on a ces signes, que faut-il faire ?

SI : Il faut aller directement aux urgences. La prise en charge rapide permet de sauver 8 personnes sur 10.

CT : Il a été démontré qu'arrêter le tabac, manger d'avantage de fruits et de légumes, réduire le sel, pratiquer une activité physique régulière et éviter la consommation nocive d'alcool réduit le risque de maladies cardiovascualires, d'où l'importance de mettre en place une politique de santé sur ce sujet. Est-ce qu'on en fait assez en Polynésie ?

SI : La campagne de sensibilisation qu'on a fait de février à septembre était accès sur l'information à donner aux femmes et aux professionels. On a voulu toucher le haut-comissariat, les élus, les maires. Mais oui, comme tu disais, un ancien cardiologue disait toujours qu'au fenua, il faut manger les produits de la terre.

CT : N'est-il pas temps d'agir chez les jeunes aussi pour leur expliquer ce qu'il ne faut pas faire ?

Si ! On envisage d'éduquer aux gestes de premier secours dans les écoles. Et pourquoi pas parler de dépistage. On envisage un partenariat avec les pharmacies aussi.

Mais ce qu'il manque vraiment en Polynésie, c'est un observatoire avec des indicateurs clés, pas seulement le taux de mortalité. Il faut aussi un financement.

CT : Comment fait-on pour se faire dépister ?

SI : C'est une prise de tension et un test de glycémie. On sera le 8 et le 9 mars à la place Toata.

CT : Le traditionnel concert de la femme est organisé ce vendredi 7 mars à la mairie de Pirae. Quel est le programme ?

SI : Le programme est le même chaque année. Il y a d'abord le ori Tahiti, puis la musique de chambre et une surpirse de la part du conservatoire. J'en dis pas plus pour cette année. Le club a choisi de mettre à l'honneur Henriette Winkler.

CT : Le tarif est fixé à 2.000 francs. Les fonds serviront à vos actions. Cette année, sur quoi la priorité va se porter ?

SI : Les fonds serviront pour la lutte contre la violence faites aux femmes. L'année dernière, les fonds ont permis d'offrir des bourses aux étudiantes du conservatoire aussi. Il y a encore des places disponibles au conservatoire ou sur place à partir de 18h30.