"Préparer à partir de 2024 et en concertation avec le Pays, les conditions économiques et sociales de la dissolution de l’EVT" : c'est l'unique recommandation formulée par la chambre territoriale des comptes dans son rapport concernant l'Epic Vanille de Tahiti.
Faible productivité
Cette recommandation fait suite à un contrôle mené sur les comptes et la gestion internes de l'EVT depuis 2019. Il en ressort "des objectifs stratégiques jamais atteints" pour un établissement qui a été créé à la demande des professionnels de la vanille dans le seul but de "renouer avec les volumes d’exportation passés".
En effet, comme le précise le rapport, les exercices précédents 2003 n’enregistraient en moyenne annuelle que 9 tonnes de vanille exportées, contre 100 à 200 tonnes déclarées chaque année au cours de la première moitié du 20ème siècle.
Ainsi, pour optimiser la production, l'EVT s’est vu doté de missions étendues et est venu se substituer pour partie, s’agissant de la filière vanille, à l’administration du Pays, à la chambre d’agriculture, et aux groupements professionnels. Selon la CTC, il n’existe pas d’organisme équivalent pour les autres productions agricoles et il aurait dû permettre de distinguer, par le haut, la filière vanille du reste du monde agricole local.
Or, vingt ans après sa création, les résultats ne sont pas là. 40 tonnes de vanille mûre ont été produites en 2020, alors qu’un objectif initial de 100 tonnes était fixé.
Grosses subventions
Des aides financières massives ont été mobilisées en faveur de l’extension d’exploitations existantes ou pour créer de nouveaux sites. Sur la seule période 2019 - 2022, près de 950 millions CFP de subventions ont été programmées pour alimenter des interventions à hauteur de 70 % du coût d’achat d’équipements de type ombrières.
L'établissement compte 40 salariés et possède un budget annuel de fonctionnement de l’ordre de 354 millions CFP en moyenne, hors achats des ombrières revendues aux exploitants. Son financement provient essentiellement des fonds publics alimentés par le Pays alors que les statuts d’ÉPIC devraient l’obliger à une réelle autonomie financière.
De profondes tensions internes
Et les problèmes relevés par la CTC ne sont pas uniquement financiers. Son rapport soulève également des dysfonctionnements dans la gestion des ressources humaines, un "climat social dégradé" en interne et "une gouvernance passive face aux insuffisances et dérives constatées". Les constatations faites par la Chambre appuient les accusations d'une ancienne employée de l'EPIC dénonçant des faits de harcèlement moral et de détournements de fonds au sein de l'établissement.
Après avoir pris connaissance de ce rapport, l'actuelle directrice de l'EPIC, Laïza Vongey, conteste la recommandation de la CTC de fermer l'établissement. Dans sa réponse, Mme Vongey, déterminée à maintenir l'activité de l'EPIC, affirme avoir élaboré un plan de redynamisation visant à restructurer l'établissement et atteindre l'autonomie financière d'ici à 2028.
Il appartiendra au pays de prendre en compte ou pas la recommandation formulée par la CTC et éventuellement de réorienter ses actions en matière de production de vanille. Pour rappel, les rapports de la chambre visent uniquement à faire évoluer les politiques publiques et offrir davantage de transparence.
Le rapport complet est disponible sur le site de la CTC, en cliquant ici.