Nager avec les raies et les requins de Tiahura plaît toujours autant aux touristes, plus de 35 ans après les premières excursions. "C'est vraiment magnifique et je suis trop content de pouvoir nager avec les raies, les requins, c'est la première fois et il faut préserver cet endroit" s'émerveille Gustomael, tout droit venu du Brésil. "Au départ j'ai eu peur mais finalement c'est sans danger. C'est incroyable de pouvoir faire ça" renchérit Renata, une touriste américaine.
Les prestataires craignaient que cette étape ne soit supprimée, à l'issue du séminaire du CGEM le 16 janvier dernier. Le comité indiquait en effet dans son bilan "plus d'excursions raie et requins". Certains excursionnistes sont montés au créneau, regrettant de ne pas avoir été consultés en amont. Or, cinq représentants siègent au CGEM pour porter la voix de toute la profession. Et ils étaient bien présents lors de cette réunion. "Lors du séminaire qui a eu lieu en janvier ils se sont prononcés à l'unanimité favorablement pour les orientations qui étaient données" confirme Olivier Pote, directeur de l'environnement, des services techniques et de l'aménagement pour la commune de Moorea.
Spot raies et requins toujours ouvert...mais plus à tout le monde
Olivier Pote précise d'ailleurs que le CGEM s'est mis d'accord non pas sur une interdiction absolue mais sur une limitation du nombre de bateaux sur la zone pour éviter d'impacter la biodiversité. "Il y a eu une confusion. Ce qui a été préconisé comme orientation, ce n'est pas la fin des activités au niveau des spots raies requins, c'est d'une part le rappel que le nourrissage des espèces sauvages est interdit en Polynésie et la deuxième chose c'est de limiter l'installation de nouvelles activités sur l'ère de Tiahura" détaille Olivier Pote.
L'objectif n'est pas de fermer ce qui se fait -ce qui se fait va pouvoir continuer à se faire- mais c'est de lever le pied sur les nouvelles autorisations.
Olivier Pote, directeur de l'environnement, des services techniques et de l'aménagement pour la commune de Moorea.
Parmi les prestataires touristiques, Moïse Ruta, président du comité du tourisme de Moorea, était bien au courant de ces échanges. "Ce n'est pas vraiment une interdiction, il s'agit plutôt de réglementer le site de raies et de requins. (...) Pour l'instant tout se passe bien. (...) On avait soulevé ce problème en proposant d'exclure tous ceux qui ne sont pas professionnels sur le site" assure-t-il.
En revanche, d'autres professionnels n'ont pas saisi l'essence du message. "Je voudrais faire un historique : mon papa était les racines du tourisme ici à Moorea, depuis 1960. Nous les enfants, en 1982 avons commencé à faire les excursions sur l'eau et en 90 on a commencé à aller vers les raies et les requins. Autrefois on emmenait même des carcasses pour faire venir ces raies et les requins, aujourd'hui on ne fait plus de nourrissage mais ces raies et requins sont toujours là et je n'ai jamais vu un changement de comportement de ces animaux. (...) Le maire avant de prendre une décision n'a même pas consulté les professionnels. Un maire qui a été pour le développement touristique devient aujourd'hui écologique, scientifique" fustige Reginald Haring, pour qui ces excursions représentent 55% du chiffre d'affaires.
À quoi sert le CGEM
Si à l'époque, les prestataires étaient libres de naviguer et de nourrir les raies et les requins au gré de leurs envies, aujourd'hui d'autres paramètres entrent en jeu, notamment la préservation de l'environnement et l'augmentation du nombre de visiteurs sur le site.
Pour rappel, le Comité de gestion de l'espace maritime ne possède qu'un pouvoir consultatif. Il est composé de 23 membres dont :
- cinq représentants des prestataires touristiques nommés par le conseil d'administration du comité du tourisme,
- cinq représentants des pêcheurs, un représentant des associations environnementales, et un représentant des associations culturelles,
- les maires délégués de Moorea
- les services du pays comme la DPAM ou la DIREN.
Ce CGEM vise à contenter tous les usagers du lagon de Moorea (pêcheurs, prestataires, touristes, habitants), soit 5 000 hectares selon Olivier Pote, tout en assurant sa pérennité. Ses membres doivent se réunir de nouveau, le 19 février prochain.