Les coûts et conséquences du black-out à Moorea

La station-service près du quai de Vaiare, paralysée par le black-out à Moorea.
L'île soeur a été coupée de tout pendant plus de 20h. Au lendemain de cette panne historique du réseau électrique à Moorea, place désormais aux questions. Quelles réparations pour les particuliers et les professionnels ? Comment les assurances vont fonctionner ? Les pertes financières sont considérables et les attentes nombreuses.

Les clients ont littéralement dû déserter la pension de famille de Karine Haring, située dans la commune de Maatea à Moorea. Le black-out a entraîné des annulations en cascade.

Dans la nuit du mardi 21 au mercredi 22 janvier, sans lumières, ni climatisation et ni ventilateurs, les gérants ont préféré renvoyer, au matin, leurs pensionnaires dans un hôtel à Tahiti. Quatre chambres réservées, soit une dépense de 76 000 fcfp. Ils ont aussi acheté un générateur. Au total pour janvier, ils ont déjà perdu plus de la moitié de leur chiffre d’affaires.

Karine Haring, la gérante de pension déclare, dépitée : « Le mois de janvier, pour pratiquement tous les établissements touristiques, c'est un mois qui est très faible. Donc dès qu'il y a un peu de clients, pour nous, c'est super. On a eu aussi des pertes sur l'alimentation. On espère avoir une petite compensation de la part de l'Epic. Et après, on va bien sûr se retourner vers nos assurances. »

Dans une station-service près du quai de Vaiare, après une journée miraculeuse durant le black-out, les caisses ont lâché. L’établissement a dû fermer plus tôt, aux alentours de 17 heures mercredi 22 janvier. Il n'a pu réouvrir que ce jeudi en fin de matinée. Christopher Cier Foc, le responsable de la boutique, estime à 500 000 fcfp, le manque à gagner. « C’est revenu et c'est reparti le courant. Vers 17h, ça a sauté tout, d'un coup, alors qu'il y avait du courant. On ne sait pas si c'est à cause d'une sur tension » affirme le gérant.

Quid des assurances en cas de sinistre

Face à des sinistres imprévus et indépendants de leur volonté, les particuliers comme les commerçants songent à contacter leurs assurances. Dans une agence de Maharepa, on a déjà reçu deux dossiers. Les demandeurs doivent avoir souscrit à la bonne option, puis, préparer un dossier, et souvent les contrats stipulent une franchise de trois jours minimum.

Coralie Raynaud  Kernivinen, la responsable de l'agence d'assurance de Maharepa, précise bien que « ce sont des options, donc ce n'est pas inclus systématiquement. Ce sont des garanties qu'on appelle contenu des frigos. Et éventuellement une garantie perte d'exploitation pour les risques professionnels. L’assureur va analyser la situation, savoir qu'est ce qui s'est passé, qui est à l'origine. Est-ce qu'il y a une responsabilité éventuelle d'un organisme ou d'un établissement. Et essayer d'aller voir, si cet établissement a sa propre assurance, s'il va proposer des indemnisations auprès de nos assurés. »

De son côté, l'Epic Te Ito Rau no Moorea-Maiao envisage plusieurs solutions de réparation. François Pierson, le directeur général, argumente : « la volonté de l'Epic, c'est de tout tracer pour pouvoir voir avec notre assureur, dans certains cas, ou avec l'ensemble des abonnés qui ont eu ces désagréments, de trouver des solutions. [...] Les gros consommateurs, ce qu'on appelle les clients "moyenne tension", nous allons aller les rencontrer la semaine prochaine, pour voir avec eux. Parce que là, on est sur des dossiers un peu plus conséquents de pertes. Je pense aux magasins d'alimentation et autres. Donc on va aller vers eux. Y en a 33 de mémoire. »

Comme Karine Haring, d’autres établissements commencent à investir dans un groupe électrogène. Deux supermarchés de l’île sœur sont déjà autonomes, au cas où un black-out se reproduirait.