"Je me sens mieux à la maison, je suis tranquille, je suis chez moi". Auparavant placée en centre pour personnes âgées avec sa sœur, après le décès de cette dernière, Céline Tauraa, 90 ans a décidé de retourner vivre chez elle.
Un choix impliquant des sacrifices pour son fils Régis, qui s'occupe désormais de sa maman. "C’est comme si c'était un devoir de m'en occuper. Elle s'est occupée de moi quand j'étais petit, donc c'est à moi à lui rendre" déclare Régis.
Avant de revenir chez elle, Céline était pensionnaire au Fare Ora. Une structure d’accueil pour personnes isolées ou en perte d’autonomie, qui compte 4 kinésithérapeutes, 4 infirmiers et 4 médecins.
Dans les îles, pas de centre d'accueil pour matahiapo
Afin de mieux cerner la situation des personnes âgées en perte d’autonomie, l’Assemblée de la Polynésie française a créé une mission d’information, qui s’est rendue à Tubuai, à Rangiroa, aux Marquises et à Bora Bora.
Rachelle Flores, représentante élue à l'Assemblée, s'est justement rendue à Bora Bora pour rencontrer la famille Viritua. Sailali, la fille, s'occupe de sa mère depuis une dizaine d'années. Il y a quatre ans, suite à une amputation, sa mère perd en autonomie.
"Vu la situation de ma mère et l'urgence qu'il y avait, j'ai été obligée de choisir. J'ai choisi ma mère. J'ai quitté mon travail, j'ai abandonné mon CDI pour m'occuper de ma mère.[...] J'ai été obligée de me mettre en patenté, pour m'adapter au quotidien de ma mère."
Sailali Viritua - fille d'une personne âgée en perte d'autonomie
Sailali a fait plusieurs demandes pour bénéficier du dispositif "Aidant feti'i", mais sans succès. Elle garde espoir et explique leur situation familiale : "Ma mère bénéficie de l'indemnité vieillesse [80.000 fcpf], mais je trouve que ce n'est pas assez. Dans le sens où, on a toutes les charges. Je n'ai plus de CDI comme avant, donc il faut bien que quelqu'un paye pour l'eau, l'électricité, et la nourriture. C'est deux fois plus dur dans notre situation, parce que ma maman est en perte d'autonomie. Et aux dernières nouvelles, elle a un début de démence. Et ça complique encore plus les tâches quotidiennes."
Un cas qui n’est pas isolé à Bora Bora.
Comment améliorer les conditions de vie des matahiapo ?
Allocation financière, aide pour le matériel médical tel que fauteuil roulant ou couches adaptées, des moyens nécessaires pour garantir une meilleure qualité de vie aux personnes âgées, tout en facilitant les tâches quotidiennes des aidants. La famille Viritua a pu exprimer ses besoins à l'élue de l'Assemblée, Rachelle Flores.
"Particulièrement sur Bora, ça a été une demande des personnes auditionnées, d'avoir une structure d'accueil en journée. C’est-à-dire pouvoir les déposer et qu'ils puissent se retrouver entre eux. Et avoir des activités à caractère culturel dans la journée."
Rachelle Flores - élue à l'Assemblée
Rachelle Flores assure que des mesures concrètes seront mises en place dans un avenir proche pour répondre à ces besoins. Cependant, elle a également précisé que ces aides ne pourront être pleinement déployées qu’une fois que le rapport sur les conditions de vie des personnes âgées aura été adopté par l’Assemblée.
Jeudi 16 janvier 2025, la mission d’information de l'Assemblée a émis 10 recommandations, dont le renforcement du personnel chargé de l’instruction des dossiers à la DSFE, rendre plus souple la réglementation pour permettre aux établissements de continuer d’exister, ou encore de reconnaître le statut des aidants familiaux.