C'est une histoire familiale déchirante sur fond de problème de santé. Le week-end dernier, un bébé de deux mois est évasané sur Tahiti depuis Makemo et il est testé positif à la coqueluche. C'est le premier cas détecté sur l'atoll.
Ihona, la mère du nourrisson, s'organise alors pour prendre le vol suivant avec sa tante. Mais le pilote d'Air Tahiti refuse de les embarquer, alors que la mère dispose d'une ordonnance pour venir effectuer des tests de dépistages à Papeete.
Toujours selon la maman, l'infirmerie de Makemo, situé à 500 kilomètres de Tahiti, est dépourvue de tests de dépistage à la coqueluche. Elle retrace les faits de ce qu'il s'est passé : " Vendredi dernier, il a commencé à faire des quintes de toux. Moi, je trouvais qu'il était plutôt encombré. Le samedi, je l'ai ramené en urgence à l'infirmerie. Sauf que là, les quintes de toux étaient vraiment intenses. Donc on nous a proposés d'évasané bébé dimanche." Ihona poursuit son récit : "lundi, il a été pris en charge par le pédiatre. On lui fait le test de dépistage pour la coqueluche, qui s'est avéré être positif. Du coup, j'ai pris ma petite famille, avec la grand-mère et le tonton qui garde bébé. Nous sommes allés à l'infirmerie, et on nous a fait une ordonnance pour, justement, se faire dépister sur Papeete. Car ici, il n'y a aucun dispositif de dépistage. Nous avons fait le nécessaire alors, pour nous mettre sur l'avion le mercredi."
L'histoire d'Ihona et de son bébé se complique alors. Le pilote refuse de les embarquer. Elle ne comprend pas pourquoi et déclare, dépitée:
"Moi, personnellement, je comptais le retrouver pour être près de lui. Sachant quand même qu'il a la coqueluche, et que c'est très grave pour un nourrisson. Ils ont oublié la question d'evasan. Là, on nous a parlé de traitement qui arrive, sans même savoir si on a la coqueluche ou pas."
Ihona - mère d'un nourrisson de deux mois
La situation d'Ihona soulève le problème de la prise en charge sanitaire dans les archipels de Polynésie française. Coordonner les soins des patients sur un territoire maritime vaste comme l'Europe est un défi compliqué. "Les îles sont quand même beaucoup oubliées. Dans les îles ce n’est pas facile. Surtout quand on a des petits enfants, on est impuissants face à la situation" conclut la mère de famille.
Selon le dernier bulletin de surveillance sanitaire, 578 cas confirmés de coqueluche ont été rapportés entre le 14 juin 2024 et le 12 janvier dernier. Jusqu’alors aux Tuamotu, six cas ont été recensés à Rangiroa, et un cas à Raroia. 21 personnes ont requis une hospitalisation, dont 15 nourrissons âgés de 12 mois ou moins. L’un d’eux est décédé en 2024.