Privé de ses jambes, Arsene Aye s'épanouit dans la sculpture sur bois

Arsene Aye dans son atelier, vendredi 07 février 2025.
Arsene Aye vivait sur son île natale, Raiavave, quand il a perdu l'usage de ses jambes des suites d'une maladie. Il s'est installé à Tahiti en 1993, est devenu champion handisport et a mis son savoir-faire de sculpteur au service de l'association huma mero.

Arsene Aye naît à Raivavae en novembre 1963. C'est sur cette île des Australes qu'il apprend la sculpture sur bois, aux côtés de son oncle. Il a quinze ans lorsqu'il réalise ses premières œuvres. Malheureusement, il tombe malade et perd très jeune l'usage de ses jambes.

Arsene Aye travaille le bois depuis qu'il a 15 ans.

En 1993, il choisit alors de quitter Raivavae pour participer aux compétitions de handisport qu'il voit à la télévision. La capitale offre plus d'opportunités, surtout pour les personnes à mobilité réduite. Il réalise son rêve, participe à plusieurs marathons, de 12, 20 jusqu'à 40 kilomètres et devient champion handisport d'athlétisme et d'haltérophilie.

Puis il découvre l'association Huma mero à Arue. La structure accueille une cinquantaine de stagiaires reconnus travailleurs handicapés. Plusieurs ateliers leur sont proposés : sculpture sur bois, nacre et pierre, atelier en bâtiment, espaces verts, jardinage et artisanat. 

Il a appris à sculpter le bois avec son oncle à Raivavae.

Cela fait aujourd'hui trente ans qu'Arsene Aye y confectionne ses petites pirogues et ses ukulele, à partir de bois de miro ou du pūrau, en provenance de Raivavae de préférence. Le sexagénaire peut produire jusqu'à dix pièces par semaine, en fonction des touches décoratives apportées. 

Il répète les gestes transmis par son oncle dans sa jeunesse et partage son savoir. "Il m'a poussé à apprendre, il m'a dit c'est pour toi pour plus tard" dit-il en sourient. Et son tonton a eu raison. Cette passion est devenue son activité principale et lui a permis de s'épanouir malgré son handicap.