Depuis le 25 décembre, Sandrine Mulard et son fils de onze ans supportent l’odeur nauséabonde des canalisations du parc Marava. Par manque d’entretien, les eaux usées provenant de cette résidence en amont ont coulé chez elle, dans l’impunité la plus totale. « C’était irrespirable. On a fermé nos fenêtres pour dormir le soir parce que je vous jure, vous auriez [des milliers de] litres de merde depuis deux semaines qui se déversent, vous seriez dans le même état d’agacement que nous. Et tout ça, ça rejoint la mer, l’océan » dénonce la propriétaire, affligée.
Sandrine a tenté de limiter les écoulements en creusant un petit caniveau de fortune et en installant des bâches mais le voisin en contrebas n’y a pas échappé. Un torrent pestilentiel s’est déversé pendant plusieurs semaines chez ce résident, qui préfère témoigner anonymement. « Le pic d’odeur, c’est à partir de 18 heures, parce que les gens rentrent chez eux et utilisent leurs sanitaires. Malheureusement ces odeurs-là arrivent à pénétrer dans nos chambres, donc on a du mal à dormir. Bien sûr, il y a un retentissement psychologique et au niveau de la santé aussi » indique-t-il, exténué.
On a passé nos fêtes en respirant de la merde.
Un des habitants du lotissement Punavai Nui
Ce problème lié à la résidence Amouyal ne date pas d'hier. Les riverains s'en plaignaient déjà en 2013 puis à nouveau en 2023. Ces bâtiments, construits en 2006 à 450 mètres d'altitude, sont connus pour leurs malfaçons, mais les propriétaires continuent de les rénover et de les mettre en location en témoignent certaines annonces sur les réseaux sociaux. En 2025, la moitié de ces appartements est habitée, selon le syndic. Il y en a 245 au total.
« Ce n'est pas la première fois. Malheureusement, force est de constater que la courtoisie et la diplomatie ne marchent pas. Donc on est obligés d’aller plus loin. On va porter plainte contre X et saisir le procureur pour qu’il désigne les coupables » indique l'un des riverains, victimes des écoulements.
Au vu du risque sanitaire et environnemental, le syndic de Punavai Nui a pris les choses en main et fait intervenir un prestataire. Les canalisations sont temporairement réparées. Mais la facture risque d'être salée et la situation se répétera si le réseau n’est pas entretenu correctement.
La difficulté, c’est qu’aucun des gestionnaires des immeubles d’où proviennent les eaux usées ne veut être tenu pour responsable. « Il faut que les responsabilités soient établies. (...) Au-delà de notre fonction, c’est un sentiment de colère parce-qu’on se met à la place de nos copropriétaires. Il était hors de question que pendant ce week-end on dorme tranquillement chez nous pendant qu’ils continuent de recevoir tous ces "déchets" » souligne Meheti Tau Hahe, gestionnaire juridique du syndicat de Punavai Nui.
Le syndic affirme avoir informé la direction de l'environnement et être en contact avec le service juridique de la commune de Punaauia.