Se passer de téléphone portable pendant trois jours, un défi à relever ?

Pour les jeunes, le smartphone est devenu "une prolongation de leur être" selon les psychiatres addictologues
Pour beaucoup d'entre nous, c'est devenu un compagnon de tous les jours. Et pour certains, difficile même de s'en séparer. Les smartphones, sont omniprésents dans notre quotidien. Durant les trois prochains jours, du 6 au 8 février, il y a les journées mondiales sans smartphone. Un événement qui nous invite à réfléchir à l'usage que l'on fait du téléphone portable. Enfants et adultes, nous sommes tous concernés.

Avant même de savoir si les jeunes en sont capables, il fallait leur dire que c’était la journée mondiale sans smartphone ce jeudi 6 février. Et il n’y a pas que les lycéens de Gauguin qui n’étaient pas au courant, les professeurs non plus.

Téléphone portable : Addiction ou passe-temps ?

Certains élèves passent toute leur récréation sur leur smartphone : Jeux, Instagram, Snapchat, Tiktok, photos du week-end ou encore résumé d’un match de foot, tous les prétextes sont bons pour se mettre devant l’écran.

Sous un arbre, un groupe de garçons joue à un jeu de combat multijoueur, chacun sur son téléphone, mais au moins il y avait de l’interaction. Ils avaient deux heures de pause et ils les ont passées à jouer à ce jeu, sans vraiment bouger de leur banc.

« Comme on n’a pas trop de choses à faire autour du lycée, on est des amis alors on se rejoint pour jouer au jeu et pour s’amuser » explique Matehau, élève en classe de première.

D'autres lycéens rencontrés ont un usage plus raisonné. Ils sont conscients des dangers de la surexposition aux smartphones. Certains nous ont confié ne pas aller sur les réseaux sociaux lorsqu’ils sont au lycée. D'autres n’ont même pas de réseaux sociaux du tout.

« Personnellement, je ne passe pas beaucoup de temps sur le téléphone. Mais il y en a que je connais, qui passent vraiment 4 heures, 5 heures, 6 heures par jour. Et ça un gros effet négatif par rapport à la concentration » témoigne Lana, élève en première.

Téléphone et impact sur la concentration

Pour connaître l’heure, en voiture, dans la rue, au restaurant… En moyenne, chez les jeunes comme chez les adultes, nous consultons notre téléphone portable 144 fois par jour. Soit 1 fois toutes les 6 minutes.

Au lycée Gauguin, les smartphones sont interdits en classe. Mais difficile de lutter face au besoin de scroller. « Ils le regardent très très souvent pendant le cours, malgré l'interdiction. Et donc on a un problème d'attention. Lorsque l’on passe cinq à six heures chaque jour comme temps sur son téléphone, ça devient problématique. Parce qu'en fait, on est obnubilé sur le réseau » alerte Sylvain Bernut, membre du Conseil d’administration du CLUSIR et intervenant au lycée.

D’ailleurs, tous les moyens sont bons pour limiter l’addiction. Jeanine Parau, adjointe d’éducation, a trouvé une parade : « J’ai pris l’habitude de leur dire bonjour. Les 1600 élèves, je leur dis bonjour, pour les obliger à me regarder, pour qu'il y ait un lien social. Il y a un lien avec l'adulte, le regard de l'adulte. Il faut qu'il y ait une captation du regard. »

Le téléphone portable devenu un outil de travail indispensable

Les professeurs utilisent tout autant leur smartphone. Peut-être un peu moins pour les réseaux sociaux mais pour communiquer, pour leur planning, pour s’envoyer des documents, pour un tas de tâches qui nécessitent aujourd’hui le téléphone portable.

Toutes les professions sont confrontées à cette dépendance au smartphone : Chefs d’entreprise, secrétaire, journaliste, commerçants, pour n’importe quelle raison, on fait appel à notre téléphone portable pour nous aider.

« Principalement, c'est pour mon usage professionnel. À part ça, je peux très bien m'en passer. C'est vrai que malheureusement, de plus en plus, on nous demande de l'utiliser. C’est bien triste » confie une commerçante de Papeete.  « En tant que chef d’entreprise, on travaille non-stop sur notre téléphone. On vit avec, on dort avec. Et ça devient très compliqué, j’avoue » renchérit un homme.

Du 6 au 8 février, ce sont les journées mondiales sans smartphone... mais on comprend vite qu'il est presque impossible de s’en passer pendant 3 jours. Le but de cet événement est surtout de nous inviter à réfléchir à l’usage que l’on fait de nos smartphones, à la dépendance que l’on a, que ce soit pour des raisons ludiques, pratiques et même professionnelles.