Rainer est père célibataire et a l’impression que le ciel lui tombe sur la tête. Séparé de sa femme il y a quelques années, il a dû trouver un toit en urgence pour conserver la garde de son fils. Aujourd’hui il vit grâce a ses allocations d’adulte handicapé et à sa pension parentale. Avec l’augmentation des tarifs d’amarrage, il craint de devenir un SDF en bateau tient-il à rappeler. "Je n’étais pas du tout voileux à la base. Il a fallu que il achète un toit en urgence ce que j’ai fait.
...Un budget total de 102 000 cfp. Si les tarifs changent j’arrive à un total de 80 000 cfp par mois. Je ne pourrai pas vivre avec 22 000 cfp. Je vais devoir quitter le corps mort et me mettre dans l’illégalité...Mais ça aura des conséquences graves puisque je n’aurai plus accès à un justificatif de domicile qui me permetrait de faire les inscriptions scolaires de mon fils, de continuer à renouveler mon dossier longue maladie [cotorep], de renouveler le passeport etc" , déplore Rainer Ley.
Rainer n’est pas le seul dans cette situation. À la marina taina, près de 200 autres plaisanciers sont concernés par ce changement de tarif. Une partie a déjà quitté les lieux. Luc, propriétaire d’un catamaran de 47 pieds, commence lui aussi à envisager le même scénario. "C’est complètement démentiel comme augmentation de prix. Ça fait 7 ans que je suis là, que je paie un corps mort à un prix relativement raisonnable, Je suis d’accord pour de petites augmentations annuelles comme tout le monde puisque la vie augmente, mais pas x 400, ce n'est pas possible ! C'est déraisonnable, donc je ne resterais pas...je partirais aux Marquises, Gambier...mais je ne resterais pas à Papeete où c'est complètement dément....Regardez les quais, il y avait des super yachts, il n'y en a presque plus", constate, dépité, Luc.
Rôle économique
Les voiliers jouent un rôle dans l’économie locale selon Andrea. Cette retraitée loue son emplacement dans le lagon 13 000 cfp par mois. Mais ele prévient : l’amarrage n’est pas un loyer. Car les plaisanciers sont soumis a des dépenses supplémentaires liées à l’entretien de leur bateau. "A terre le locataire paie juste un loyer, nous on a beaucoup de charges liées au bateau, qui d'ailleurs contribue à l'économie du pays puisqu'on va faire du carénage, on fait travailler "les terriens". Ce qu'il faut savoir c'est que ça revient en moyenne à 350 000 cfp par an, si on doit rajouter le prix du carénage. On participe aussi à l'économie en achetant beaucoup de pièces mécaniques, taxées à l'import, d'où leur coût. Et si on entretient correctement notre bateau, il doit être en état de naviguer...si on additionne tous ces frais, ça fait cher. Je suis retraitée mais je ne fais pas d'excès", souligne Andrea Georges, qui vit sur petit monocoque de 32 pieds.
Les membres de l’association des plaisanciers se disent prêts à accepter une augmentation de 80%. Mais ils demandent, l’amélioration de la qualité de service à la marina. Davantage de toilettes et d’emplacements pour les annexes notamment.