Colère et incompréhension chez les gardiens ultramarins de la prison de Fresnes. Dans un rapport accablant sur la situation de la prison, la contrôleuse générale pointe du doigt l'usage du créole entre les surveillants pénitentiaires.
A la prison de Fresnes, les surveillants ultramarins ne digèrent pas du tout un point du rapport publié par la contrôleuse générale des lieux de privation de liberté sur la situation à la prison de Fresnes. Adeline Hazan dénonce l'usage du créole entre les surveillants pénitentiaires dans cette prison du Val-de-Marne.
Ci-dessous le reportage France Ô de N.Nonet et Olivier Journiat :
Seulement entre nous
Outrés, les gardiens n'en reviennent toujours pas. "Nous parlons créole entre nous, mais jamais on ne s'adresse aux détenus en créole, affirme Cédric Boyer, surveillant à Fresnes depuis 2009 et membre de la Commission Outre-mer de FO pénitentiaire. De toutes façons, très peu de détenus sont issus des DOM-TOM, ils ne comprendraient rien".Discriminatoire
Pour ce jeune réunionnais, pointer du doigt le créole est "discriminatoire". "Personne ne nous interdira de parler créole entre nous, c'est une richesse de notre patrimoine, poursuit Cédric Boyer. Si on ne peut plus parler créole entre nous, avec qui on parle créole ?"Une langue maternelle
Pour le Réunionnais et ses collègues, parler créole entre ultramarins n'est pas une "insulte", c'est tout simplement "naturel". "On vient des îles, c'est notre langue maternelle, nos racines, explique Frantz Paul, surveillant guyanais à Fresnes. On utilise le créole entre nous lorsque l'on est au déjeuner, sur le perron de la prison et la nuit souvent durant les pauses. Mais on parle toujours Français face aux détenus".Les conditions de travail
Rats, surpopulation et violence : le rapport de la contrôleuse générale est accablant sur la situation à Fresnes. De quoi agacer un peu plus les gardiens. "Quand on voit dans quelles conditions déplorables nous travaillons à Fresnes, c'est inadmissible qu'on nous fasse un tel reproche", déplore le Martiniquais Thierry Unn-Toc, secrétaire local de Force ouvrière. "Je ne vois pas en quoi le fait que deux collègues parlent créole entre eux gène le fonctionnement de l'établissement. D'autant que le créole est pointé du doigt, alors qu'à Fresnes certains parlent d'autres patois comme le chti et on ne dit rien", poursuit-il. Les gardiens ultramarins ont d'ores-et-déjà prévenu : ils n'en resteront pas là et pensent déjà à des actions.Le ministère tempère
De son côté, le ministère de la Justice tempère. "Il faut relativiser, c'est un point réduit du rapport, remarque Pierre Januel, porte-parole du ministère. Le problème n'est pas le créole, c'est l'utilisation de la langue en général. Il est important que l'ensemble des personnes puissent se comprendre et que la langue française soit utilisée".Ci-dessous le reportage France Ô de N.Nonet et Olivier Journiat :