Quartier "La Négresse" à Biarritz : un changement de nom préconisé en appel

L'un des commerces du quartier de la Négresse, à Biarritz.
Jugé "raciste et sexiste", le nom de ce quartier fait l'objet d'une procédure judiciaire lancée par l'association Mémoires & Partages. La cour administrative d'appel de Bordeaux rendra sa décision le 6 février.

La ville de Biarritz pourrait bientôt être contrainte de débaptiser son quartier "La Négresse", jugé "raciste et sexiste" par une association : la rapporteur public a préconisé jeudi d'abolir une décision de justice qui niait l'atteinte à la dignité humaine.

Le 21 décembre 2023, le tribunal administratif de Pau avait rejeté la requête de Mémoires et Partages, y voyant une "perspective mémorielle en hommage" à cette femme qui aurait servi dans une auberge du quartier au début du XIXe siècle.

"L'évolution sémantique" du mot lui confère aujourd'hui une "connotation insultante" qui "peut porter atteinte à la dignité humaine", a affirmé la rapporteur public devant la cour administrative d'appel de Bordeaux, qui rendra sa décision le 6 février.

"Le but n'est pas de contraindre, mais de convaincre"

En 2020, l'association bordelaise avait demandé à la maire de Biarritz, Maider Arosteguy (LR), d'introduire à l'ordre du jour du conseil municipal l'abrogation de deux délibérations, celles fixant le nom "La Négresse" pour un quartier proche de la gare, en 1861, et une deuxième introduisant une nouvelle "rue de la Négresse" en 1986. La mairie de Biarritz a "commis une erreur" en refusant cette demande, a estimé la rapporteur public, préconisant l'annulation de la décision du tribunal administratif de Pau.

Prenant la parole devant une dizaine de militants venus soutenir cette initiative, le directeur et fondateur de l'association plaignante Karfa Diallo s'est "réjoui" des préconisations du rapporteur public, disant vouloir travailler "en partenariat" avec la ville de Biarritz "car le but n'est pas de contraindre mais de convaincre".

"Une décision du tribunal favorable à l'abrogation permettrait de sortir par le haut et de montrer que dans notre pays, il y a une vigilance sur toute appellation ou représentation caricaturale d'un être humain", a affirmé M. Diallo.

Pour attirer l'attention sur l'audience de jeudi, son association avait proposé à la vente, sur un site de biens immobiliers, l'hôtel particulier abritant la cour administrative d'appel de Bordeaux.

L'Hôtel Nairac a été "construit en 1777 (...) par la famille bordelaise qui a déporté le plus d'Africains en Amérique", a souligné Mémoires et Partages dans un communiqué. La cour administrative d'appel a pris le soin de préciser dans un communiqué "que cette annonce est un faux" et que les locaux "ne sont pas à vendre".