Rencontre Letchimy - Valls : retrouvailles chaleureuses mais dossiers en suspens

Serge Letchimy président de la collectivité territoriale de la Martinique et Manuel Valls, lors de leur rencontre au ministère des Outre-mer.
Ce jeudi 23 janvier, Serge Letchimy, président de la collectivité territoriale de la Martinique, s’est entretenu avec Manuel Valls, ministre des Outre-mer. De cette réunion, aucune annonce concrète mais les deux hommes ont pu faire le point sur les dossiers cruciaux de l’île.

Les deux hommes sont sortis de leur réunion sourires aux lèvres et se sont serrés les mains devant les caméras. Prévue depuis plusieurs jours, cette réunion entre Serge Letchimy, président du Conseil exécutif de la Martinique (CTM), et Manuel Valls, ministre des Outre-mer, était un temps d’échanges pour débattre des sujets cruciaux de l’île.

"C’était très important d’évoquer les dossiers importants, notamment celui sur comment on change l’économie de la Martinique et d’une manière générale, celui des Outre-mer", déclare Manuel Valls.

Reçu au ministère des Outre-mer, Serge Letchimy avait fait le déplacement dans l’Hexagone pour cette séance de travail, le sac rempli de dossiers : lutte contre la vie chère, autonomie alimentaire, sécurité, emploi ou encore développement local.

Après plus d’une heure d’échanges, il est ressorti de cette réunion sans promesse ferme, mais attend la visite sur le terrain du ministre pour en dessiner les contours. "J’ai été très marqué au cours des années passées de promesses non tenues qui ne nous permettaient pas de nous attaquer au fond, exprime-t-il. Valls est un homme de parole et d’action. Quand il prend un engagement, ce n'est pas à peu près, mais c’est total."

"Sur la vie chère, on est d’accord"

L’épineux dossier de la vie chère a été évoqué entre les deux hommes, avec l’application du protocole dès que le projet de loi de finances sera voté.

Mercredi 22 janvier, lors des questions au gouvernement, le ministre des Outre-mer avait déclaré que l’État serait "le garant de la transparence, de la justice, de l'égalité et de la vérité" dans ce dossier. Il a réitéré ses propos lors de la rencontre avec le président de la CTM. "On doit agir contre la vie chère, avec un État qui doit au fond faire vivre la concurrence, mais à condition qu’il y ait une transparence sur les marges", déclare Manuel Valls. Et il poursuit : "Je suis déterminé et je ne cèderai pas à la pression."

Un discours qui a plu à Serge Letchimy. "Sur la vie chère, on est d’accord, lâche-t-il. Dès que les conditions seront réunies par la loi de finances, nous considèrerons que les problèmes qui sont liés à la continuité territoriale, à la compensation, à la baisse à taux zéro de la TVA, ça viendra."

La Martinique bientôt dans la CARICOM

L’élu a d’ailleurs profité de sa visite au ministère pour évoquer la rentrée de la Martinique dans la CARICOM (la Communauté caribéenne) les 21 et 22 février prochains. Un évènement majeur pour l’économie de son territoire.

"Ça change la vision du monde, ça nous met plus au centre et plus à la périphérie. Manuel Valls partage le même point de vue, pour pouvoir justifier de l’infantilisation du besoin de paternalisme d’État qui n’a plus de sens aujourd’hui", informe-t-il.

Des déclarations partagées et confirmées par le ministre des Outre-mer. "Qu'on sorte d’une économie qui est très liée au passé, au colonial. Il ne s’agit pas de stigmatiser, ni d’affronter qui que ce soit, on doit vivre dans la concorde, mais on doit changer", appuie l’ancien Premier ministre.

L’État "doit assumer ses responsabilités" dans la lutte contre le narcotrafic

Enfin, autre point important abordé lors de cette réunion : le volet sécuritaire. Sur ce sujet, le président de la collectivité territoriale de la Martinique s’est montré moins avenant avec son hôte de l’après-midi, notamment au sujet du trafic de drogue.

"Je vais être très sévère avec l’État, on commence à voir des actions ces temps derniers. Mais après 30 ans d’inertie, tonne-t-il. La Martinique, la Guyane, et la Guadeloupe sont devenues des passoires du trafic de drogue, car elles ont été ciblées comme non contrôlées. C’était 'open bar'. Qui a la responsabilité régalienne de la sécurité ? C’est l’État… Ils profitent de la richesse océanographique, mais ils ne mettent pas de moyen pour contrôler. […] Notre exigence est que l’État assume ses responsabilités. La fragilité sociale va se conjuguer en fragilité économique et face à un tel fléau, on risque d’avoir de grave problème."

Pour conclure ce long temps d’échanges, les deux hommes se sont entendus sur le principe d’une nouvelle loi d’orientation et de programmation sur le contrôle des prix et une autonomie alimentaire.