Quand on reparlera de 2024 dans quelques années, on se souviendra forcément de la parenthèse enchantée des Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024. La fierté de voir une nation unie après des semaines de division due à la dissolution de l’Assemblée nationale et la poussée des extrêmes. Les Jeux en France, à Paris, 100 ans après la dernière édition, ont été synonymes de joie, d’émotion, de record, de frisson, mais aussi de déception.
Grand parmi les grands, Teddy Riner a respecté son rang. Le Guadeloupéen de 34 ans a ajouté deux médailles d’or à son compteur (en individuel et par équipe) et est devenu, à l’Arena des Champs-de-Mars, le judoka le plus titré de l’histoire des Jeux Olympiques (5 titres).
Hélios Latchoumanaya qui a pour modèle Teddy Riner, voulait l'imiter lors des Jeux Paralympiques, mais le jeune para-judoka guadeloupéen, grand favori de l’épreuve, est tombé en finale sur Oleksandr Nazarenko, un adverse plus roublard que lui. Qu'importe, il a donné rendez-vous aux supporters dans l'avenir.
D’autres ont profité de ce moment de communion pour entrer dans l’histoire, comme le prodige Kauli Vaast. À 22 ans, le surfeur polynésien a offert à la France sa première médaille d’or olympique de la discipline, chez lui, sur la vague mythique et controversée de Teahupo’o en Polynésie.
La Martiniquaise Althéa Laurin avait-elle choisi son moment ? La veille de la cérémonie de clôture des Jeux de Paris, elle a offert à la France son premier titre olympique de son histoire en taekwondo. Ça valait bien quelques larmes de joie à la fin.
Dany Dann n’a en revanche pas gagné le titre olympique en breakdance, mais le Guyanais aura bien fait tourner des têtes et donné quelques frissons sur la piste de danse. Sacré tout premier vice-champion olympique de l’histoire de son sport, il a marqué à tout jamais l’histoire de la discipline.
Les jeux de la découverte
Cette olympiade parisienne n’aura pas fait que sacrer des athlètes, elle aura aussi permis à certains de se montrer et de se faire un nom. On peut citer l’Antillais Cyrian Ravet en taekwondo, médaillé de bronze à 22 ans, ou encore le Martiniquais Joan-Benjamin Gaba en judo, que personne n’attendait à un tel niveau de performance. Médaillé d’argent en individuel en -73 kilos et en or par équipe, le jeune judoka de 23 ans est entré par la grande porte.
Lors des Jeux Paralympiques, on a aussi découvert de belles promesses pour l’avenir. Le Calédonien Félicien Siapo nous a enchantés avec sa foulée lors du 100 m T44 sur la piste violette du Stade de France. Quatrième de sa finale avec un temps de 11"66, le jeune sprinter de 21 ans a pris rendez-vous avec le futur.
Tout comme lui, le jeune para-athlète wallisien Soane Luka Meissonnier s’est offert une belle quatrième place en lancer de poids. Atteint de déficience intellectuelle, ce grand gaillard est passé tout près de remporter une médaille aux Jeux pour sa première participation.
Une année de sport collectif…
En 2024, les sports collectifs auront aussi été à l’honneur. Sans doute l’une des plus belles victoires, celle de l’équipe de France de cécifoot face à l’Argentine au bout du suspense en finale du tournoi paralympique. Dans un magnifique stade au pied de la tour Eiffel, le Réunionnais Gaël Rivière et ses coéquipiers sont allés décrocher ce titre de champion paralympique, trois ans après leur débâcle aux Jeux de Tokyo 2021. Ces Bleus-là ont émerveillé la France entière et offert beaucoup de bonheur aux supporters.
Idem pour les joueurs de l’équipe de France de rugby à VII qui ont connu la consécration au mois de juillet à Paris. En finale, les Bleus ont terrassé les Fidji 28 à 7, meilleure équipe du monde de rugby à VII et invaincue en compétition olympique. Enfin, c'était avant d’affronter le pack incluant notamment le Martiniquais Andy Timo, le Guadeloupéen Jefferson-Lee Joseph et le Réunionnais Jordan Sepho .
D’autres étaient moins à la fête comme l’équipe de France féminine de football menée par la Martiniquaise Wendie Renard, encore une fois passée à côté de sa compétition. Même sort pour les handballeurs français, pourtant sacrés champions d'Europe en début d'année, ils n'ont pas résisté à la pression et ont dit au revoir aux Jeux de Paris dès les quarts. Les deux équipes de France de basket (masculine et féminine), les handballeuses françaises et les footballeurs entraînés par le Guadeloupéen Thierry Henry, sont eux passés tout près de remporter l’or, mais ont tour à tour buté sur des adversaires coriaces en finale.
À l’Euro de football, juste avant les JO, l’équipe de France n’aura jamais semblé en mesure d’emballer la compétition malgré quelques fulgurances de ces génies comme le Guadeloupéen Marcus Thuram. Le gardien Guyanais Mike Maignan étincelant lors de ce championnat d'Europe et ses coéquipiers, sont éliminés en demi-finale par l’Espagne, future vainqueur de l’épreuve.
… mais aussi de suspension
2024 n’aura pas été une année de tout repos, ni de gloire pour tous les sportifs. Le Réunionnais Benoît Kounkoud visé par une enquête pour tentative de viol dans une boîte de nuit parisienne au lendemain de la victoire de l’équipe de France de handball aux championnats d’Europe, a bien failli voir son destin prendre une nouvelle tournure. Le handballeur, un temps suspendu et écarté par son club de Kielce en Pologne, verra son affaire requalifiée et sera finalement condamné 4.100 euros pour exhibition sexuelle en juin par le parquet de Paris.
Ysaora Thibus aura aussi connu une année compliquée. Contrôlée positive à l’ostarine, un agent anabolisant, en janvier lors du Challenge International de Paris, elle sera suspendue de longues semaines avant d’être blanchie par le tribunal disciplinaire antidopage de la Fédération internationale d'escrime. Mais quand rien ne va, rien ne va : à 32 ans, l’escrimeuse guadeloupéenne passera totalement à côté de ses épreuves aux Jeux Olympiques de Paris 2024.
Toujours dans ce chapitre, l’ambitieux Dimitri Bascou qui rêvait de participer aux Jeux de Paris 2024 a été stoppé dans son élan au mois de mars, lui aussi, contrôlé positif à une substance de type stéroïde.
Une année avec tant d’images marquantes
Enfin en refermant ce grand livre sportif de 2024, on ne manquera pas de souligner que la Guadeloupe s’est illuminée en voyant s’avancer côte à côte Teddy Riner et la triple championne Olympique Marie-José Pérec, torche en main, pour allumer la vasque Olympique lors de la cérémonie d’ouverture des JO.
De cette célébration de juillet, on retiendra aussi la voix mélodieuse de la mezzo-soprano guadeloupéenne Axelle Saint-Cirel, qui a chanté la Marseillaise devant des millions de spectateurs et téléspectateurs.
Des images fortes de 2024, on se rappellera aussi longtemps la tournée de la flamme Olympique dans les Outre-mer et de la Yole ronde de la Martinique accompagnant le Belem dans le vieux port de Marseille, ce navire chargé de ramener le feu des Jeux en France.
En tournant la page de cette année, on gardera en mémoire le large sourire de Yannick Borel, enfin médaillé en escrime en individuel aux Jeux, et la performance du Réunionnais Laurent Chardard, médaillé de bronze en para-natation. La force de résilience du Guadeloupéen Alex Adélaïde en para-haltérophilie ou les larmes de la Martiniquaise Mélanie De Jésus Dos Santos, après l’échec de l’équipe de France de gymnastique aux JO, nous auront aussi émus.
Le livre sportif de 2024 se referme, laissant une page blanche aux athlètes ultramarins pour écrire 2025.