Barrage de Saint-Louis : deux participants incarcérés et deux remis en liberté

Deux des quatre manifestants interpellés pour avoir participé aux violences urbaines dans la nuit de mardi à mercredi à Saint-Louis condamnés à de la prison ferme. En réaction aux pressions, le maire décide de priver le quartier de La Palissade de contrats.
Cinq saint-louisiens interpellés et mis en examen pour avoir participé aux violences urbaines dans la nuit de mardi à mercredi ont été déférés devant la justice, jeudi en fin de matinée.
Si le mineur est passé dans le bureau du juge des enfants avant de rentrer chez lui en compagnie de ses parents, deux des quatre majeurs jugés dans le cadre des comparutions immédiates dorment depuis en prison.
Jonathan Camillot, 28 ans, père de trois enfants, chanteur du groupe "Kozman-Ti-Dalon" a été condamné à 1 an de prison dont 6 mois ferme. Brice, qui a reconnu avoir participé à l'installation du barrage dans le quartier de La Palissade écope lui de 8 mois avec sursis et 4 mois ferme.
Les deux complices interpellés sur place par les gendarmes ont minimisé leur rôle. Malgré les doutes des magistrats, ils sont condamnés à des peines de prison de 6 et 3 mois avec sursis. Ils sont donc ressortis libres. 

La Palissade privée de contrats 

Au même moment, à Saint-Louis, Claude Hoarau, maire de la commune, tenait une conférence de presse. Sabre au clair, l'élu communiste est monté en première ligne pour dénoncer le chantage à l'emploi : "On n'était plus sur quelques jets de galets, mais sur un mécanisme de préparation à l'émeute. Les jeunes ont franchi la limite. Je tiens à m'assurer que ceux qui ont lancé des cocktails Molotov ou ont coupé des arbres ne se présentent pas devant moi pour signer des contrats. Si quelqu'un pense qu'il peut contrôler le maire à coup de "sabouk", il se trompe". Afin de lever toute ambiguïté sur ses intentions Claude Hoarau de préciser : "Les contrats d'avenir qui devaient être alloués aux jeunes du quartier de La Palissade vont être distribués dans les autres secteurs de la ville". 

"Des résistants pas des émeutiers"

Cette annonce, ajoutée aux condamnations, a fait réagir l'UJ2R (Union de la jeunesse réunionnaise résistante). Frédéric Selly, le délégué sudiste de l'association, a de suite fait part de son incompréhension et de sa colère : "Ce qui est arrivé en début de semaine était prévisible. Les jeunes ont réagi après les promesses du maire en Février. Il n'a pas tenu ses engagements". Selon le mouvement, les condamnations sont excessives au regard de la situation dans laquelle vivent les jeunes manifestants : "Ce ne sont pas des émeutiers", poursuit Frédéric Selly, "ce sont des résistants qui ont lutté pour faire respecter la parole donnée. Certains vont en prison pour un jet de galets alors que les politiques qui volent et détournent des millions d'Euros ne font que quelques heures de garde à vue".  

Reportage de Laurent Pirotte et David Couanon