Jacques Vergès avait quitté La Réunion à l’âge de 17 ans pour se lancer dans la Résistance pendant la Seconde Guerre mondiale. Devenu avocat, il revenait souvent dans son île, pour son métier et par affection. Maître Vergès a travaillé pendant 28 ans avec son confrère et ami Rémi Boniface.
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" Ma première pensée va à Paul, 9 mois après le décès de son épouse, il perd Jacques ", Rémi Boniface, avocat et ami de Jacques Vergès est très ému, " J’ai beaucoup appris à ses côtés. Je le connaissais bien. Nous avons passé des heures à travailler sur des dossiers. Une légende totalement infondée voulait qu’il survole les affaires. C’était faux. Il avait le don de mettre le doigt sur l'élément qui devait être plaidé ".
Maître Jacques Vergès ne s’est jamais imposé auprès de ses jeunes confrères précise Maître Rémi Boniface : " Il travaillait à mes côtés à sa manière. Sans me donner de leçon, il m’a beaucoup appris. Aujourd’hui, je me dois de transmettre ".
Pas d’accusé sans avocat
L’avocat dit "de la rupture" ne plaidait pas les faits, mais les causes. Pour ce ténor des barreaux tous les accusés méritaient d’être défendus explique Rémi Boniface qui a collaboré 28 ans avec son confrère : " Il avait été résistant. Il me disait : " Tu vois, si Klaus Barbie était passé devant mon fusil quand j’étais résistant à Lyon, je n’aurais pas hésité un seul instant à tirer. Je l’aurais peut être tué et pourtant je l’ai défendu. C’est ma fonction ". Il m’a demandé une seule fois de poursuivre un journaliste pour diffamation. C’est ici à La Réunion. Nous avons gagné contre quelqu’un qui avait osé mettre en doute sa loyauté envers le Général De Gaulle et la Résistance. Sur ce point là, il était sensible ".
« Le Salaud lumineux »
Ce très médiatique avocat, père de trois enfants, a davantage consacré sa vie à son métier qu’à sa famille. Amoureux de la défense des droits des citoyens, il s’interrogeait régulièrement sur ses motivations profondes, confie Rémi Boniface : " Je me souviens, un jour nous marchions sur un chemin du côté de Salazie et il s’interrogeait sur son parcours. Il se disait : « Je pourrais m’installer ici, vivre heureux. Avoir un jardin et me reposer ". Il aimait profondément La Réunion. Puis, quelques pas plus loin, Jacques Vergès avouait "sa difficulté à quitter Paris, les lumières, la médiatisation ".
L’avocat a beaucoup travaillé et écrit de nombreux livres dont « Le salaud lumineux » aujourd’hui encore étudié par les futurs avocats.
Le dernier voyage
Maître Jacques Vergès venait régulièrement exercer son métier à La Réunion. L’une des dernières affaires qu’il a plaidées concernait la demande d’extradition du gouvernement comorien de Mohamed Bacar, une fois encore il s'était assis à côté de Rémi Boniface dans la salle du tribunal administratif : " Pour l’anecdote, j’avais été désigné par le ministre de l’intérieur des Comores et lui par l’Etat comorien. Nous nous sommes retrouvés sur le même dossier sans avoir été prévenu au départ, alors que nous avions l’habitude de collaborer. Il était également venu pour des dossiers électoraux sur Saint-André ou Saint-Pierre, puis lors de l’affaire dites de l’endiguement de la Rivière-des-Galets ".
Aujourd’hui, l’avocat n’est plus. Il est mort d’un arrêt cardiaque dans sa chambre quai Voltaire à Paris.
Maître Jacques Vergès ne s’est jamais imposé auprès de ses jeunes confrères précise Maître Rémi Boniface : " Il travaillait à mes côtés à sa manière. Sans me donner de leçon, il m’a beaucoup appris. Aujourd’hui, je me dois de transmettre ".
Pas d’accusé sans avocat
L’avocat dit "de la rupture" ne plaidait pas les faits, mais les causes. Pour ce ténor des barreaux tous les accusés méritaient d’être défendus explique Rémi Boniface qui a collaboré 28 ans avec son confrère : " Il avait été résistant. Il me disait : " Tu vois, si Klaus Barbie était passé devant mon fusil quand j’étais résistant à Lyon, je n’aurais pas hésité un seul instant à tirer. Je l’aurais peut être tué et pourtant je l’ai défendu. C’est ma fonction ". Il m’a demandé une seule fois de poursuivre un journaliste pour diffamation. C’est ici à La Réunion. Nous avons gagné contre quelqu’un qui avait osé mettre en doute sa loyauté envers le Général De Gaulle et la Résistance. Sur ce point là, il était sensible ".
« Le Salaud lumineux »
Ce très médiatique avocat, père de trois enfants, a davantage consacré sa vie à son métier qu’à sa famille. Amoureux de la défense des droits des citoyens, il s’interrogeait régulièrement sur ses motivations profondes, confie Rémi Boniface : " Je me souviens, un jour nous marchions sur un chemin du côté de Salazie et il s’interrogeait sur son parcours. Il se disait : « Je pourrais m’installer ici, vivre heureux. Avoir un jardin et me reposer ". Il aimait profondément La Réunion. Puis, quelques pas plus loin, Jacques Vergès avouait "sa difficulté à quitter Paris, les lumières, la médiatisation ".
L’avocat a beaucoup travaillé et écrit de nombreux livres dont « Le salaud lumineux » aujourd’hui encore étudié par les futurs avocats.
Le dernier voyage
Maître Jacques Vergès venait régulièrement exercer son métier à La Réunion. L’une des dernières affaires qu’il a plaidées concernait la demande d’extradition du gouvernement comorien de Mohamed Bacar, une fois encore il s'était assis à côté de Rémi Boniface dans la salle du tribunal administratif : " Pour l’anecdote, j’avais été désigné par le ministre de l’intérieur des Comores et lui par l’Etat comorien. Nous nous sommes retrouvés sur le même dossier sans avoir été prévenu au départ, alors que nous avions l’habitude de collaborer. Il était également venu pour des dossiers électoraux sur Saint-André ou Saint-Pierre, puis lors de l’affaire dites de l’endiguement de la Rivière-des-Galets ".
Aujourd’hui, l’avocat n’est plus. Il est mort d’un arrêt cardiaque dans sa chambre quai Voltaire à Paris.