Les îles Eparses : un laboratoire pour mieux comprendre l’océan Indien et La Réunion

Cinq îles françaises de l’océan Indien composent les îles Eparses. Préservées, elles servent de laboratoire aux chercheurs français. Grâce à elles, il sera bientôt possible de visualiser le cheminement de la lave sous le Piton-de-la-Fournaise.
Les scientifiques du CNRS viennent de publier leurs études effectuées ces dix dernières années sur les îles Eparses. Entre autre dispositifs installés, sur ces cinq confettis de France dispatchés dans l’océan Indien (Ndlr : Europa, Bassas da India, Juan de Nova, Glorieuses et Tromelin), des enregistreurs du bruit de fond microsismique. Ces appareils ultras sensibles, destinés à mesurer l’ampleur et la diffusion de la houle dans cette partie de l’océan Indien, ont permis de détecter l’arrivée des cyclones à plusieurs milliers de kilomètres de distance.
Les cinq stations devaient à l’origine servir uniquement à mieux comprendre l’impact des vagues sur les récifs coralliens, mais compte tenu de la précision des appareils, les mesures récupérées vont servir à mesurer la croûte terrestre et à comprendre la structure du manteau intérieur sous l’île de La Réunion. A terme nous explique Loïc Chauveau sur le site Sciences et Avenir, les scientifiques du CNRS devraient être en mesure de : « Reconstituer en image le cheminement de la lave du noyau jusqu’à la croûte terrestre pour alimenter le Piton-de-la-Fournaise ».
 
Un pont pour les lémuriens
 
La seconde découverte, réalisée par les géologues, est une confirmation. Il y a plusieurs milliers d’années, Madagascar était reliée au continent Africain. Europa, Juan-de-Nova ou Bassas-da-India, trois des cinq îles Eparses sont des résurgences de la ride de Davie. Cette structure sous-marine s’élève à 1500 mètres au dessus des fonds. Des GPS immergés de part et d’autre des îles et donc de cette montagne ont permis de confirmer un lent affaissement de cette structure. La comparaison des données bathymétriques enregistrées en 2003, lors d’une précédente mission, confirme que la grande-île et le continent Africain étaient liés par cette chaine de montagne devenue sous marine. Cette « découverte » pourrait expliquer la présence des lémuriens à Madagascar. Un pont naturel a  servi de passage de cette espèce depuis disparue de l’autre côté du canal du Mozambique. Une hypothèse souvent évoquée, mais aujourd’hui confirmée par les travaux des chercheurs du CNRS.