Airbags défectueux Takata : Stop Drive 974, un plan d’action insuffisant pour les associations

Les autorité active le plan Stop Drive 974, interdisant de circuler avec les véhicules concernés par les airbags défectueux Takata.
Après l’annonce d’une campagne Stop Drive 974 à destination des propriétaires des 38 000 véhicules concernés, les associations réagissent. Si elles saluent la volonté d’action, le plan annoncé n’est cependant " pas à la hauteur ".

A La Réunion, les airbags défectueux Takata ont déjà coûté la vie à deux personnes. Près de 35 000 véhicules sont concernés dans le département par ces dispositifs rendus défectueux par la chaleur et l’humidité des climats tropicaux.

 

35 000 véhicules à La Réunion, 100 000 dans les Outre-mer

Une trentaine de modèles de véhicules construits entre 2008 et 2019 doivent donc voir l’airbag de leur volant remplacé à La Réunion, plus de 100 000 en Outre-mer. Une nouvelle campagne d’information a été lancée par la préfecture de La Réunion le 20 janvier dernier, en appui des campagnes des constructeurs pour appeler les conducteurs. Des courriers ont effectivement été envoyés.

Des conducteurs invités à ne pas utiliser leur véhicule, sous peine de danger de mort, mais également dans l’impossibilité de faire réparer leur véhicule, faute de disponibilité du côté des concessionnaires.

 

Un plan d’action inédit : Stop Drive 974

Ce vendredi 15 février, un plan d’action inédit a donc été annoncé. Etat, syndicat du commerce et d’importation et comité des assureurs étaient réunis pour détailler les mesures de l’opération Stop Drive 974.

 

Envoi de lettres recommandées pour l’arrêt immédiat d’utilisation du véhicule, augmentation des capacités de traitement des véhicules, tarifs préférentiels auprès des loueurs de voitures, report des échéances de prêts auprès des banques, un arsenal de mesures exceptionnelles est déployé. L’objectif pour les autorités est de gérer la crise en trois à quatre mois.

Regarder le reportage de Réunion la 1ère : 

Airbags défectueux Takata : les associations réagissent après l’annonce de l’opération Stop Drive à La Réunion

   

Pas d’obligation légale d’arrêter de conduire les véhicules dangereux

Pour les associations de défense des victimes d’airbags défectueux, le plan d’action annoncé n’est pas à hauteur, même s’il a le mérite d’exister, 10 ans après les premiers signalements. La recommandation d’arrêter immédiatement la conduite des véhicules concernés ne peut suffire, d’autant qu’elle est inapplicable.

Soyons honnêtes, il n’y a pas d’obligation légale d’arrêter de conduire son véhicule. Ensuite, il n’y a aucune solution qui est proposée aux automobilistes, donc qu’est-ce qui va se passer en fait ?

Christelle Sauger, vice-présidente de l’association des victimes d’airbags et sœur d’une victime

  

Selon Christelle Sauger, " les gens vont continuer malheureusement pour une bonne partie d’entre eux à être obligés de conduire la peur au ventre ".

 

Des délais ambitieux compte-tenu de l’ampleur de la tâche

Les concessionnaires se fixent trois à quatre mois pour changer les airbags défectueux de près de 35 000 véhicules. Cela revient à faire en quelques semaines, ce qui n’a pas été fait en 10 ans, un engagement qui interroge Christelle Sauger.

Elle souligne qu’aucune réponse claire n’a été apportée quant à la disponibilité du stock d’airbags de remplacement, lorsque la question a été posée à l’occasion de l’annonce du plan Stop Drive 974. Seule réponse apportée : " il y a des commandes en cours ", note la vice-présidente de l’association des victimes d’airbags. 

 

Une fausse mesure ?

Parce qu’il faudra justement du temps pour traiter l’ensemble des véhicules concernés, Me Charles Henri Coppet, l’avocat qui suit ce dossier depuis des années au niveau national, se dit étonné des annonces faites. Il estime que les constructeurs devraient procéder au remplacement sans frais mais aussi proposer des solutions de remplacement gratuit des véhicules qui seront immobilisés.

La priorité est de les immobilisés, mas il faut que cette immobilisation soit sérieuse, qu’elle concerne tous les véhicules, et qu’en face on offre des moyens de substitution aux gens. Sinon ça revient à une fausse mesure, ça revient à une illusion, et ça ce n’est pas possible quand la vie des gens est en danger.

Me Charles Henri Coppet, avocat spécialisé

  

Obtenir une condamnation des constructeurs

Pour l’avocat, les associations de consommateurs doivent refuser cette mesure et saisir la justice pour obtenir la condamnation marque par marque, avec une obligation de mise à disposition de véhicule.

Il espère que l’Etat s’en saisira également, parce qu’il a la volonté que cesse cette " gabegie " et qu’il n’y ait plus de nouveau mort sur les routes.