L'exaspération des habitants et commerçants du Chaudron après une nuit de violences

Nuit de violences au Chaudron à Saint-Denis.
Chaque année, à Saint-Denis, le Chaudron n’est pas épargné par les violences urbaines. Commerces saccagés, rues dévastées : la nuit dernière a exaspéré les habitants du quartier. Reportage.
Des poubelles incendiées fument encore au milieu de la chaussée. Débris de verre, galets et palettes de bois jonchent le sol. Les rues du Chaudron à Saint-Denis ressemblent à un véritable champs de bataille. Du haut de leur balcon, les habitants de l’allée du Mail se désolent.

"Ça fait mal de voir ça, c’est n’importe quoi", déplore une femme du quartier. "Cela fait 42 ans que je vis au Chaudron et tous les ans c’est pareil, ça doit disparaître", remarque un homme plus loin.

Regardez le reportage de Delphine Poudroux et Alexandre Timar :  

Commerces saccagés

L’an dernier, des violences avaient déjà éclaté dans le quartier durant la soirée d’Halloween. Dès 20 heures hier, des jeunes prêts à en découdre faisaient face aux forces de l’ordre. Les policiers ont essuyé des jets de projectiles. Deux d’entre eux ont été blessés. Six jeunes ont été interpellés au Chaudron. Voitures et poubelles ont été incendiées, et des commerces saccagés.

Ce matin, vers 6 heures, les employés de la commune ont commencé à nettoyer les rues. "On retire les déchets, d’autres équipes doivent venir", explique l’un des employés. De nombreux commerces n’ont pas pu ouvrir leurs portes. A Sainte-Clotilde, l’hôtel Tulip Inn a été attaqué. Ses vitrines sont brisées et des voitures de clients ont été dégradés.

Regardez le reportage de Delphine Poudroux et Alexandre Timar : 
©reunion
 

"Un magasin censé donner de l’emploi"

Au Chaudron, le restaurant Pizza Cosy a été saccagé. Louis Laurent Leger, le gérant, a ouvert sa pizzeria il y a seulement quatre mois. Son matériel a été cassé et ses stocks pillés. Ecœuré, il exprime sa colère contre "les personnes qui sont censées empêcher que ces actes se produisent". 
 

Je paie mes impôts, c’est aussi pour avoir de la sécurité, mais aujourd’hui elle n’existe pas. Mon magasin, qui est censé donner de l’emploi et dynamiser une zone, est complètement hors d’usage à l’heure où je vous parle.

 
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Le MEDEF Réunion a également réagi. "On ne peut pas demander à avoir du travail et en même temps détruire des commerces qui sont des outils de travail", a déclaré Didier Fauchard, président du Medef Réunion. Des jeunes expliquaient être dans la rue pour demander des emplois et protester contre les hausses des prix. D'autres avouaient vouloir "pimenter leur soirée". 
 

Partout dans l’île

La nuit dernière a été marquée par une flambée de violences urbaines partout dans l’île. Un commissariat a été pris pour cible à Saint-André, des voitures et poubelles incendiés à Saint-Pierre, Sainte-Suzanne, mais aussi des heurts entre jeunes et forces de l’ordre au Port. Cinq policiers ont été blessés et une douzaine de jeune interpellés au total.
 

Un appel à la "purge"

Dans l'Hexagone, des violences ont aussi eu lieu la nuit dernière. Comme à La Réunion, un appel à la "purge" circulait depuis sur les réseaux sociaux. Il s'agit d'un appel à la violence lancé contre les policiers le soir d'Halloween, mais aussi un appel à se battre et brûler des voitures.

Le ministre de l'Intérieur avait renforcé les effectifs pour la nuit dernière. Selon Christophe Castaner, une centaine de personnes ont été interpellées en France mercredi soir et "le nombre d'incidents a été "largement inférieur" aux années précédentes", a déclaré le ministre de l'Intérieur. A La Réunion, en revanche, les incidents ont rarement été aussi violents lors d'une nuit de Toussaint.