Inflation stabilisée en 2024, un écart frappant entre les prix pratiqués à La Réunion et dans l'Hexagone, un Bouclier Qualité Prix à renforcer...
À l'occasion de sa première assemblée plénière de l'année, avec pour la première fois la participation du préfet, l'Observatoire des prix, des marges et des revenus de La Réunion (OPMR) a livré une série d'enseignements sur l'année écoulée, dans un contexte d'instabilité internationale et de questionnements grandissants sur les marges réalisées par les grands groupes opérant dans les Outre-mer. Ce qu'il faut retenir.
Une inflation stabilisée
Après une année 2023 marquée par de très fortes hausses des prix (+4%), l'inflation sur un an se stabilise. Si les chiffres de décembre 2024 ne sont pas encore tombés, les prix des douze derniers mois ont augmenté de 1,4%, quasi similaire à l'Hexagone (+1,3%).
Ceux qui connaissent une augmentation supérieure à la moyenne sont l'alimentation (+2,4%, dont 3,4 % pour les produits frais) et les services (+2,5%). Les prix de l'énergie baissent de 3%, dont -11,3 % pour les produits pétroliers.
+ 79 % de l'Hexagone à La Réunion, un besoin de transparence toujours criant
L'OPMR dresse également un bilan d'étape de son groupe de travail Transparence, travaillant sur un échantillon de 21 produits de grande consommation avec le concours de six enseignes sur sept.
Avec ce constat frappant : un produit acheté 100 euros dans l'Hexagone est vendu 179 euros à La Réunion soit un écart de 79 %. Entre la commande et la vente en grande surface, l'OPMR identifie 14 étapes, contre deux seulement dans l'Hexagone.
"C'est multifactoriel. Certains écarts sont justifiés, d'autres on n’en sait rien. Le fret pèse pour 7 %, l'octroi de mer pour 8 %, les marges de la grande distribution 22 %, quand la valeur d'achat est de 56 %", détaille Jocelyn Cavillot, vice-président de l'OPMR.
"Ce qu'il faut regarder, c'est la pertinence de ces différents frais, en écho avec le vote qui a eu lieu à l'Assemblée nationale et le discours du ministre des Outre-mer. Il faut agir sur la continuité territoriale, la régulation des marges. Et il faut des outils pour repérer et sanctionner les abus", demande l'OPMR.
"Ce qui est catastrophique dans nos territoires, c'est la concentration des marges en amont et en aval par les grands groupes" souligne Jocelyn Cavillot, évoquant "le groupe GBH, comme d'autres."
Un BQP 2025 à renforcer
Cette année encore, l'OPMR demande la poursuite de l'effort sur le Bouclier Qualité Prix, qui comptait 153 produits de grande consommation en 2024 pour un prix plafond de 348 euros. Il réclame en particulier :
- d'élargir la liste aux 22 produits qui ont bénéficié de la récente baisse de l'Octroi de mer
- d'ajouter des produits permettant de lutter contre la diffusion de l'épidémie de chikungunya (crèmes répulsives, moustiquaires, raquettes électriques...)
- de déterminer un prix plafond pour chaque produit, avec des sous-paniers plafonnés.
- d'élargir la liste des magasins participants
- de supprimer la fiscalité sur les produits du BQP, y compris la TVA.
"Ce BQP est très utile, c'est une manière de répondre dans l'urgence à la problématique de vie chère", souligne Jocelyn Cavillot.
Regardez l'intervention de Jocelyn Cavillot au JT de Réunion la 1ère :