La Chambre d’Agriculture annonce une estimation historique de 163 millions d’euros de dégâts après Garance

La Chambre d'Agriculture de la Réunion chiffre à 163 millions d'euros les dommages causés par Garance.
La Chambre d’Agriculture a chiffré le montant estimé des dommages causés aux exploitations agricoles de La Réunion par le passage de Garance. Et la facture est énorme d’après Olivier Fontaine, le président de la Chambre Verte. Toutes filières confondues, le monde agricole local a subi 163 millions de dégâts.

Pour réaliser cette estimation astronomique, les techniciens de la Chambre ont associé les dégâts liés à la sécheresse avec ceux provoqués par le cyclone. La chambre consulaire précise qu’elle souhaitait déjà demander à déclencher la calamité agricole pour les mois de sécheresse qui ont précédés l’apparition de Garance. Les cultures fragilisées n’avaient que peu de chances de résister à un cyclone intense. Conséquence : un montant estimé de dégâts historique.

 Pertes de récoltes mais aussi de structures et de moyens de productions.

Les productions, en particulier la canne à sucre, ont souffert des vents et des pluies de Garance. Mais les atteintes vont au-delà, explique le président de la Chambre d’Agriculture. Serres, bâtiments d’exploitation, d’élevage, laboratoires de transformation ou encore chemins d’exploitation ont aussi payé leur tribut aux éléments.

Résultat : des filières désorganisées, des exploitants sous le choc, incapables de redémarrer leurs productions. Le président de la Chambre Verte insiste : "c’est du jamais vu, la situation exige des moyens inédits." 

« Alors que l’agriculture commençait à repartir suite à une sécheresse et après le cyclone Belal, là on recasse tout le travail et on met tout le monde KO. »

Olivier Fontaine, président de la Chambre d'Agriculture de la Réunion

Le dispositif d’indemnisation doit être repensé

L'attente générale est résumée en peu de mots: le dispositif doit être reformaté pour être plus rapide, plus ciblé et plus accessible.

« On doit travailler sur comment accompagner cette agriculture pour se remettre debout. » Pour preuve, Olivier Fontaine dénonce : les canniers n’ont pas encore touché les indemnités liées à Belal. Sur les 45 millions d’euros de dégâts chiffrés, à peine 2,5 millions auraient été versés au jour d’aujourd’hui. « Ça prouve que ce dispositif soit obsolète ! » martèle t’il.

Et d’exiger : il faut dorénavant une réactivité à 3 mois pour les versements et un dispositif accessible à la majorité des agriculteurs. En ce qui concerne le calcul du montant des indemnités, la Chambre Verte demande une reconnaissance objective des pertes subies événement par événement, et non plus des indemnités à l’aune des récoltes ou productions de l’année précédente. 2024 a été une année très difficile avec d’abord Bélal, puis les fortes pluies de Candice et ensuite la sécheresse dès le milieu de l’année. « On ne peut pas comparer le pire au pire », conclut Olivier Fontaine.

 80 millions de pertes pour le secteur de la canne.

Cette estimation date elle de la visite les 6 et 7 mars dernier de Manuel Valls, ministre des Outremers. De nombreux planteurs estiment les pertes à 100% dans leurs champs. Beaucoup, après ce nouvel épisode cyclonique, inédit par sa violence, avouent la plus grande confusion. Replanter, reconvertir, cesser l’activité…des décisions doivent être prises pour sauver l’exploitation, mais le choix est difficile face à un avenir incertain.

« On attend les dispositifs pour savoir ce qui va se passer, on ne sait pas quoi faire » confie une agricultrice de Bras Panon. Elle aussi espère une indemnité rapide et basée sur les pertes réelles.

 Clôtures et tuyaux d’alimentation arrachés, chemin d’exploitation abimés

Si certains ont un besoin urgent de trésorerie, d’autres auraient l’usage de kits sanitaires ou d’aide en matériel. Kevin Lardal est éleveur de bovins à Saint-Paul. Suite aux dégâts de Garance, il a du mal à présent à accéder à son exploitation et à mener à bien sa production. Il craint aussi des conséquences à long terme du stress subis par ses bêtes. Un accompagnement ciblé et personnalisé s’impose d’après lui. « Aujourd’hui on n’est plus d’accord avec le système d’indemnisation !» assène l’éleveur. Des délais de paiements plus courts, des démarches plus faciles et une aide adaptée aux besoins réels, voilà ce qu’il espère comme propositions pour l’après-Garance.

Vendredi 14 mars, les chiffres de la Chambre d’Agriculture seront officiellement remis au représentant de l’Etat, afin d’activer les aides conditionnées par la reconnaissance de calamité agricole.

Lors de sa visite, le ministre des outremers Manuel Valls avait annoncé une première enveloppe de 15 millions d’euros pour l'agriculture de la Réunion.Un montant qui, d'après ces derniers chiffres, exige une révision d'ampleur. Manuel Valls a promis son retour à La Réunion courant avril . Il sera peut-être accompagné de la ministre de l’Agriculture et de la Souveraineté Alimentaire, Anne Genevard. 

 

 

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