La circulation inter-files des deux-roues motorisés généralisée : les motards réunionnais satisfaits

La circulation inter-files des deux-roues motorisées généralisée en France : les motards réunionnais satisfaits
En cas d'embouteillages ou de circulation ralentie, les motos et autres deux-roues motorisés pourront désormais remonter les files de véhicules, tout en respectant certaines conditions. Cette décision, attendue depuis des années, est applaudie par les motards à La Réunion, où les bouchons sont quotidiens.

Les motards réunionnais peuvent se réjouir : depuis ce 11 janvier 2025, le Ministère de l'Intérieur a généralisé par décret la circulation en inter-files pour les deux-roues motorisés, après des années d'observation et d'évaluations. 

Cette pratique consiste pour les conducteurs de motos à circuler entre les voies les plus à gauche en cas d'embouteillages ou de circulation réduite des autres véhicules. Permettant ainsi d'échapper aux embouteillages, qui sont monnaie courante à La Réunion. 

À 50km/h maximum

Des règles strictes encadrent cependant la pratique (voir par ailleurs) : entre autres, elle n'est possible qu'en cas de circulation dense en files ininterrompues, et à une vitesse maximum de 50km/h. Aussi, si le trafic se fluidifie et que les véhicules peuvent circuler à nouveau à plus de 50km/h, les motos doivent alors se ranger dans les voies. 

Réclamé depuis des années

La remontée des files avait été expérimentée à plusieurs reprises depuis 2016. Les associations de motards, comme la Fédération française des motards en colère (FFMC) réclamaient sa légalisation depuis des années. 

Aujourd'hui, Joël Josserand, coordinateur de la FFMC 974, applaudit des deux mains l'aboutissement d'années de combat et de discussions avec les diverses instances, dont la Sécurité routière. 

"On aboutit à ce qu'on demandait : que ce soit légalisé, et enseigné dans les moto-écoles", se satisfait-il. 

La généralisation de la circulation inter-files est une bonne nouvelle pour tout le monde, considère Joël Josserand. "Si on on n'avait pas pu remonter les files, une moto aurait pris la place d'une voiture et ça aurait aggravé les embouteillages d'une manière magistrale", s'exprime le motard.

La vigilance est de mise

Néanmoins, il souligne que la remontée de files ne doit pas se faire n'importe comment. Et ce n'est pas parce qu'elle est désormais légalisée qu'il s'agit de s'affranchir de certaines règles. 

"Il faut respecter le différentiel de vitesse avec les voitures qui roulent à faible allure ou qui sont à l'arrêt, et ne pas dépasser les 50km/h. Et quand on a trois files, il faut remonter entre la deuxième et la troisième, parce que l'automobiliste qui est au milieu, s'il a une moto qui remonte à sa gauche, et une autre à sa droite, il ne sait pas quoi faire" 

Joël Josserand, coordinateur de la FFMC974

Interdiction de changer de file, sauf pour changer de direction

Samy Nassibou, moniteur d'auto-école depuis 45 ans, brandit les mêmes précautions. "Beaucoup d'accidents ont lieu, parce que les motos qui remontent une file sont moins visibles, et lorsque les voitures changent de file on risque l'accident grave", fait-il valoir. Fustigeant tant certains motards qui circulent entre deux files à des allures folles que les automobilistes qui changent de file pour gagner du temps, ce qui est interdit.  

"Le Code de la Route dit qu'un véhicule peut changer de file pour changer de direction. Or, souvent si par exemple la file de gauche n'avance plus, les gens changent de file et vont dans celle de droite pour gagner du temps, et ça c'est complètement interdit"

Samy Nassibou, moniteur d'auto-école

"Ne pas être embouteillé comme les voitures"

Chez les motards, cette généralisation de la remontée de file est accueillie comme une bonne nouvelle. D'autant que certains automobilistes, d'après Alexis, motard, "serrent un peu pour nous empêcher de passer, même si la plupart du temps ils s'écartent". "On a l'impression que des fois ils sont jaloux qu'on soit plus efficaces dans nos déplacements", jauge-t-il. 

Un autre motard, Sully, fait valoir que "si on a le permis moto, c'est pour essayer de ne pas être embouteillé comme les voitures". La circulation inter-files est donc une bonne chose pour lui, même s'il peut y avoir parfois "un manque d'interprétation" de ce qui est autorisé ou non, selon lui. "Il faut que les motards qui dépassent fassent attention. Moi mi réduis un ti peu l'allure en essayant d'anticiper un peu plus", commente-t-il. 

Contravention et retrait de points en cas de non-respect des règles

De toute façon, la circulation inter-files pour les deux-roues motorisés doit se faire en respectant des conditions strictes, sous peine de recevoir une contravention de 4ème classe et le retrait de 3 points sur le permis de conduire. 

A noter que seuls les engins de moins d'un mètre de large peuvent remonter les files. 

Ci-dessous, les conditions de pratique de la circulation inter-files selon le Ministère de l'Intérieur :

Quand ?

 Lorsque la circulation est dense et qu’elle s’établit en files ininterrompues sur toutes les voies.

 Lorsque l’espace entre les véhicules est suffisant pour passer.

 La circulation en inter-files est interdite, lorsqu’une voie est en travaux ou couverte de neige ou de verglas.

Où ?

 Sur les autoroutes et routes comportant au moins 2 fois 2 voies séparées par un terre-plein central et sur lesquelles la vitesse maximale autorisée se situe entre 70 km/h et 130 km/h.

 Entre les deux files de véhicules les plus à gauche de la chaussée.

 Elle reste interdite sur les autres types de route.

Comment ?

 Les deux-roues motorisés ne doivent pas forcer le passage.

 Il est interdit de dépasser un autre deux-roues motorisé circulant en inter-files.

 La vitesse autorisée en situation de circulation en inter-files est de 50 km/h au maximum. Si l’une des files est à l’arrêt, la vitesse autorisée est abaissée à 30 km/h maximum.

 Lorsque le trafic se fluidifie et que les véhicules circulent à plus de 50 km/h sur au moins une des deux files, les deux-roues motorisés doivent reprendre leur place dans les voies.

 Le non-respect de ces règles entraîne une contravention de 4è classe et le retrait de 3 points au permis de conduire.