La crise du logement persiste, voire s’intensifie, en dépit des nombreuses annonces et "réformes", constate la Confédération Nationale du Logement. La CNL relève des dysfonctionnements et des incohérences dans la gestion dans la politique actuelle du logement à La Réunion.
Hier, dimanche 16 février, la CNL a dressé le bilan du logement social en 2024 dans le département, et les chiffres ne sont pas bons.
Regarder le reportage de Réunion la 1ère :
Plus de subvention, mais moins de logements livrés ou réhabilités
Erick Fontaine, l’administrateur de la CNL pointe du doigt un paradoxe : " plus l’Etat met de subventions, moins on a de logements livrés ".
En 2018, l’Etat met 171 millions d’euros et on livre 2 200 logements. En 2023, l’Etat met 184 millions d’euros et on livre 1 613 logements. Il y a un écart extrêmement important, donc on peut se poser la question : est-ce que le problème de la construction des logements est lié à des financements ? La réponse est non.
Erick Fontaine, administrateur de la CNL
D’une manière générale, la livraison de logements est passée de 3 500 en 2014, à moins de 2 000 en 2024. Le nombre de logements construits baisse, les logements neufs sont de très mauvaise qualité et les programmes de réhabilitations accusent des retards très importants, constate la CNL. Ce à quoi s’ajoute une politique en faveur des seniors très éloignée de la demande.
Près de 50 000 demandes de logements sociaux
Le chiffre des demandes de logements sociaux ne cesse de grimper, il est aujourd’hui de 50 000. Une demande qui a doublé en 10 ans. En 2024, seule 13% de cette demande a pu être satisfaite, contre 38% en 2014.
Aujourd’hui, on a des Réunionnais qui sont demandeurs de logement, qui sont salariés, qui sont en train de dormir dans leur voiture. Ce n’est pas une situation acceptable.
Erick Fontaine, administrateur de la CNL
Les communes préfèrent payer des pénalités
La loi SRU qui fixe un taux obligatoire de logements sociaux par commune n’est bien souvent pas respectée. Seules 8 communes de La Réunion s’y contraignent, et 4 en sont exonérées, à savoir Saint-Philippe, Cilaos, Sainte-Rose et Trois-Bassins.
Selon la CNL, si toutes les communes respectaient leurs obligations, plutôt que de payer des amendes, le département compterait déjà 11 000 logements supplémentaires. Depuis 2015, 5 659 076 euros de pénalités ont été payées par les communes.
L’autre défi à venir est celui de la réhabilitation. L’Etat annonce un recul de 50% dans les programmes de réhabilitation prévus en 2025, indique la CNL.
Des loyers inadaptés aux revenus des demandeurs
85% des demandeurs ont de faibles revenus. En effet, une grande majorité d’entre eux dispose d’un revenu inférieur à 1 500 euros. Le surendettement des ménages a augmenté de 44% en 2 ans, d’après l’IEDOM.
Les prix des loyers ne sont pas adaptés aux personnes à qui sont destinés les logements. On a aujourd’hui des Réunionnais qui ne peuvent plus faire face à ces paiements de loyers.
Erick Fontaine, administrateur de la CNL
La Réunion est la 3ème région de France où le prix du loyer à la surface habitable est le plus élevé, sans compter Paris. Pour la CNL, le prix des loyers est un enjeu politique compte tenu de la situation sociale et économique de l’île.
Est-ce normal que des femmes victimes de violences, aujourd’hui, n’ont pas de logement. Est-ce normal, que des femmes victimes de violences nous appellent en disant "on nous a dit qu’on n’est pas prioritaires".
Erick Fontaine, administrateur de la CNL
De la responsabilité des bailleurs sociaux
Manque de logements sociaux, prix des loyers, réhabilitation, logements indignes, il y a urgence à trouver des solutions pour " enrayer la spirale infernale du mal-logement ", selon la CNL.
Charge aux bailleurs sociaux de " réfléchir différemment ", " l’Etat, les locataires, l’EPFR ou les collectivités ne doivent pas être seuls à faire des efforts ", insiste la Confédération Nationale du Logement.