La justice, la police et le Département pointés du doigt dans la mort de Sténaya

Le palais de justice de Saint-Pierre.
Au lendemain de la mise en examen du petit-père et de la mère de Stenaya, la fillette de 2 ans ½ décédée à la suite du syndrome du bébé secoué, des manquements à tous les niveaux sont pointés par les acteurs associatifs qui luttent contre les violences intrafamiliales.

Dans le communiqué que le Parquet de Saint-Pierre a adressé le lundi 10 février aux rédactions dans l’affaire de la mort de Stenaya, on apprenait que la famille [de la fillette de 2 ans ½] avait fait l’objet d’un suivi en assistance éducative.  

Sténaya avait déjà été protégée une première fois

Alors âgée d’à peine 1 an, le nourrisson s’était retrouvé au CHU Sud pour une fracture suspecte à la jambe. La justice est saisie. Une ordonnance de placement provisoire est prononcée en mai 2024. L'Aide Sociale à l’Enfance, sous l’autorité du Département, trouve une famille d’accueil à Sténaya. Un mois plus tard, le juge des enfants confirme l’ordonnance pour une durée de trois mois autorise la visite de l’enfant par sa mère en présence d’une personne tiers. Dans ce cadre, les services sociaux l’aide pour accomplir sa fonction parentale. En parallèle, l’enquête policière se poursuit à la demande du Parquet.  

En août de l’année dernière, la mesure de placement est de nouveau maintenue, avec un assouplissement. Sténaya a la possibilité d’être hébergée chez sa maman. Les services sociaux qui la suivent “n'ont pas révélé de signes d'inquiétude particuliers”, selon un communiqué du Département.  

 

“Le juge des enfants, après avoir évalué la situation et en prenant en compte la coopération de la famille, a décidé de lever les mesures de protection, permettant à la petite Sténaya de retourner vivre auprès de sa mère et de son beau-père.”

Le Département de La Réunion

 

Une maman impliquée dans son rôle maternel selon les services sociaux 

Le Département note que la maman était impliquée dans son rôle parental en assistant à toutes les séances qui lui étaient présentées. Les services sociaux de la collectivité départemental ont jugé que le logement familial était adapté pour accueillir Sténaya et l’enfant à venir de sa mère. Une fois la décision de justice levée, le service de l’Aide Sociale à l’Enfance cessait son suivi. 

Une affaire classée sans suite par la justice

L’enquête pénale pour les faits de violences sur l’enfant a été classée sans suite en décembre 2024, selon le Parquet “en l’absence d’éléments suffisants pour caractériser des violences ou mauvais traitements, faute d’éléments de preuves suffisants, malgré des investigations poussées notamment sur le plan médical”.  

Des policiers en manque de moyens

Pour le représentant du syndicat de Police UNSA, les policiers de la brigade des mineurs a fait sont travail avec les moyens qu’elle dispose.  

“Vous avez ces brigades qui sont en manque d’effectifs aujourd’hui. On demande des officiers de police judiciaire. Ces services sont exsangues aujourd’hui.”

Mickaël Hoareau - Secrétaire départemental UNSA Police Réunion

Selon le syndicaliste, la brigade des mineurs "a donné le maximum d’éléments au Parquet qui a, seul, décidé de la levée de l’ordonnance de placement provisoire". Les policiers attendent la mise en place d’un Office Mineurs (OfMin), présenté par la direction générale de la police nationale le 20 novembre 2023, spécialisé dans toutes les affaires impliquant les mineurs (pédocriminalité, bébé secoué, harcèlement scolaire...). 

Regardez l'intervention de Mickaël Hoareau du syndicat UNSA Police :

Affaire Sténaya : la famille était connue des services de protection. Y-a-t-il eu défaillance ? Mickaël Hoarau, secrétaire départemental d'UNSA Police Réunion

Les associations contre les violences intrafamiliales atterrées

Invitée sur le plateau de Réunion la 1ère, Audrey Coridon, militante du milieu associatif contre les violences intrafamiliales ne décolère pas, 7 ans après l'infanticide contre la petite Eliana. Pour elle, il y a eu une défaillance des personnes qui étaient dans le suivi éducatif et judiciaire de cette famille.

Regardez les interventions d'Audrey Coridon, militante contre les violences intrafamiliales :

Défaillance de personnes qui étaient de près ou de loin dans le suivi éducatif et judiciaire de cette famille

On ne peut pas concevoir qu’en quelques mois, on passe d’une fracture à un infanticide”. On nous dit qu’il y a eu un classement sans suite alors qu’il y a eu un signalement, un placement... il y a une incohérence dans le dossier

Audrey Coridon - militante d'une association contre les violences intra familiales

Réunion la 1ère

C'est bien le Parquet de Saint-Pierre qui est en charge de cette affaire depuis l’année dernière.

La militante pointe du doigt le Parquet de Saint-Pierre avec qui les relations ont été rompues après le départ de l'ancienne Procureure de la République, Caroline Calbo. À l'époque, des comités de pilotage réunissait tout le tissu associatif qui pouvait intervenir concrètement sur les affaires. Les enfants entendus lors des auditiosn Mélanie étaient accompagnés par ces associations. Aujourd'hui, ces instances de dialogue et de coordination n'existent plus.

Regardez l'intervention d'Audrey Coridon, militante contre les violences intrafamiliales :

Il y avait des comités de pilotage qui réunissaient tout le tissu associatif