Les pommes de terre péi et importées sont en souffrance à La Réunion. La météo, les difficultés d’approvisionnement en semence, et les retards de livraisons de pommes de terre importées sont en cause.
Une saison "catastrophique" pour la pomme de terre péi
Sur les étals, les pommes de terre produites localement se font de plus en plus rares ces dernières semaines. Pourtant, la production locale représente trois quarts de notre consommation. La chambre d'agriculture parle de saison "catastrophique".
"Les semences ont pourri, il y a eu trop d’eau avec les deux cyclones, tout ce que nous avons planté en mars a pourri", explique Guytot Vidot, producteur de pommes de terre à Notre-Dame-de-La-Paix, au Tampon. Sa production va fortement pâtir de ce trop d’eau. "Il y aura environ 40 % de perte, habituellement je récolte 100 tonnes, cette année j’aurais tout juste 50 tonnes", poursuit-il.
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Des semences qui n’arrivent pas
Problème supplémentaire : cet agriculteur ne pourra pas récupérer suffisamment de semences pour la prochaine plantation. Elles sont essentiellement importées et le contexte économique mondial affecte l’approvisionnement de La Réunion.
"Il y a du retard dans la livraison de semences, donc dans la plantation, explique Lucie Barret, conseillère maraîchage à la Chambre d'Agriculture de La Réunion. Ici à la Plaine des Cafres, passé le 15 avril, il est risqué de planter à cause du climat et des carreaux de pommes de terre qui pourrait geler".
Cette année, La Réunion devrait produire deux fois moins que ces deux tonnes annuelles. Pour autant, il sera difficile de compter sur les pommes de terre importées, elles aussi en souffrance avec la diminution du fret maritime.
Des pommes de terre importées encore dans les containers
Dans un atelier de transformation de pommes de terre à Cambaie, les chambres froides sont désespérément vides. "Il n’y a pas de place sur les porte-containers ou les containers sont déviés, repris par un autre bateau et remis à La Réunion", explique Hubert Coquis, employé de la société Belgium Food Produc. Cette situation occasionne près de dix jours de latence.
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Ce manque de matière première entraîne donc un manque d’activité pour l’entreprise. Sept à huit salariés ont ainsi été placés en chômage partiel, soit 80% des employés. Il y a plus de cinq mois, 60 tonnes de pommes de terre venaient de Hollande pour être transformées et livrées aux restaurants de l’île.
La fin des frites fraîches dans des restaurants
Des clients maintenant mécontents, pour lesquels il faut improviser. Dans un restaurant de La Saline, il n’y a plus de frites fraiches depuis deux jours.
"On a essayé de passer sur la pomme de terre péi, mais le rendu n’était pas bon, les clients s’en plaignent donc on est passé sur des frites surgelées en attendant qu’un container arrive", explique Laurence Lenormand, chef de cuisine au restaurant La Varangue du lagon, à la Saline. Le transport maritime pourrait donc ramener la frite importée sur le marché, en attendant que la pomme de terre locale puisse repartir.