Lundi 15 août 2022, matin, le vol d’Air Madagascar ou Madagascar Airlines, venant de France se pose sur la piste d’Ivato. Les passagers, originaires de la Grande île, ont reconnu Maharante Jean de Dieu. L’homme politique, ancien magistrat, a régulièrement occupé la une des journaux de Madagascar avant de s’exiler précipitamment en 2019 vers la France, écrit Midi-Madagascar.
En 2015, alors ministre de la Fonction publique et des lois sociales, il est suspecté d’être impliqué dans un trafic de drogue. Grâce à ses proches, il parvient à échapper à une mise à l’écart toujours possible quand votre ex-assistant parlementaire tombe pour trafic de drogue.
Quelques mois plus tard, l’éminent membre du gouvernement se fait à nouveau remarquer en limogeant, le docteur Tsinjo Rakotomaharo, qui est également le président de syndicat du personnel de la commune urbaine d’Antananarivo (CUA). Pour les observateurs, cette décision est liée la position du syndicaliste concernant le projet ministériel de diviser Antananarivo en six communes, rappel Madagascar-Tribune.
Des casseroles très bruyantes
En 2018, Maharante Jean de Dieu, alors ministre des Postes et Télécommunications, est contraint de quitter le gouvernement. Les rumeurs de corruption se multiplient. Il est question de détournement de fonds publics suite à la passation d’un marché informatique et de matériel de bureau. Il était question de 700 millions Ar, soit plus 116 000 €. Ce dossier est découvert par hasard, suite à banal contrôle des services de l’Inspection Générale de l’Etat.
Les inspecteurs interrogent les différents intervenants de ce dossier. Rapidement, ils ont le sentiment que rien ne fonctionne normalement. Un fournisseur se plaint de ne pas avoir été payé, un bénéficiaire d’une des commandes regrette, lui, de ne pas avoir été livré.
En remontant, le fil de laine, les responsables de cette enquête découvrent l’ampleur du dysfonctionnement. Aucune règle qui prévale dans les marchés publics, n’a été respectée.
À défaut d’être consommés, les délits sont constitués ! Le dossier pour tentative d’extorsion de fonds est confié à la Haute Cour de justice (HCJ), nous rappelle La Vérité.mg. C'est d'ailleurs suite à l'ouverture de l'enquête judiciaire, que le suspect prend la fuite vers la France, précise La Gazette.
Un retour inattendu
Compte tenu de ce passif et des risques encourus, le retour de Maharante Jean de Dieu à Madagascar est surprenant. "Son retour au pays s’est déroulé sans encombre, au vu et au su de tous les agents qui travaillaient à l’aéroport d’Ivato et de tous les passagers du vol MD 051. Bon nombre d’observateurs considèrent l’aéroport de Tana et les frontières malgaches comme une passoire. Ce qui s’est passé hier à Ivato confirme cette constatation," écrit le rédacteur de Midi-Madagascar.
À moins que loin des regards, ce retour ait été négocié ! L’Express de Madagascar constate en conclusion de son article : "Après plus de trois ans de retrait de la scène politique suite à des scandales financiers, le retour au bercail de Jean De Dieu Maharante intrigue. Le timing intervient en plein début d’ébullition politique en vue de la présidentielle. L’ancien ministre a, toutefois, pu rentrer au pays sans souci. Il a même été accueilli par un service protocolaire".