Naufrage du Wakashio : des débris pourraient atteindre La Réunion à terme

Selon Nishan Dignarain, un économiste mauricien spécialiste de l’océan et des nouvelles technologies, la proue du Wakashio aurait été coulée au pire endroit qui soit, à savoir dans des eaux traversées par des courants qui risquent d’emporter les débris du navire jusqu’à La Réunion...
Nishan Dignarain n’est pas un journaliste, mais en sa qualité d’expert économique spécialisé dans les nouvelles technologies et leur application dans le domaine maritime, il publie régulièrement des articles sur le site internet du magazine économique américain Forbes.

Et le spécialiste mauricien a beaucoup écrit sur le naufrage du vraquier japonais le 25 juillet, puis sur la marée noire provoquée dans le Sud-Est de l’île Maurice, le 6 août dernier. Il a suivi avec tout autant d’attention les décisions prises par les autorités de l’île Sœur s’agissant du sabordage de la proue du navire.
 

Un sabordage au pire endroit qui soit...

Dans sa dernière contribution pour le magazine Forbes, parue ce vendredi 23 octobre, Nishan Dignarain explique que si les autorités mauriciennes ont bien diffusé des images et des vidéos du navire sabordé, l’emplacement exact de cette partie avant du bateau n’a cependant jamais été divulgué.

Mais l’expert indique qu’il a pu localiser le site où la proue du Wakashio a été coulée en s’appuyant sur des analyses satellitaires réalisées à sa demande par Windward, une firme internationale spécialisée. Selon Nishan Dignarain, "de tous les endroits où le Wakashio aurait pu être sabordé, l'équipe de remorquage néerlandaise (SMIT Salvage, ndlr) n'aurait pas pu choisir pire endroit".
 

Des conséquences "pour les décennies à venir"

Et ce choix pourrait avoir des conséquences dommageables pour l’île Maurice comme pour La Réunion "pour les décennies à venir". D’après ces données récoltées par Nishan Dignarain, le navire a été coulé dans des eaux traversées par d’importants courants qui risquent d’emporter ses débris jusqu’aux côtes réunionnaises.
 
Selon les données présentées par Nishan Degnarain, l'analyse des images satellites révèle que les débris du Wakashio pourraient dériver jusqu'aux côtes réunionnaises

L’autre information surprenante révélée par Nishan Dignarain, c’est ce changement de direction opéré par l’équipe de remorquage le 19 août. Alors que le SMIT Salvage tirait les restes de la partie avant du Wakashio selon une trajectoire Sud-Est, le remorqueur a subitement pivoté de 90 degrés pour prendre cette fois-ci la direction Nord-Est.

Une manœuvre dangereuse, estime Nishan Dignarain : "Si le Wakashio avait été remorqué jusqu'à un chantier naval, comme Greenpeace l'avait demandé, ou emmené à un endroit au-delà des courants, alors il y aurait eu peu de risque que les débris, l'eau de ballast potentiellement polluée ou les produits chimiques de l'épave en désintégration lente se retrouvent à La Réunion".
 
Nishan Degnarain indique que le remorqueur du Wakashio a subitement changé de direction le 19 août pour une raison qu'il ne s'explique pas.

L’expert indique qu’il faut s’interroger sur ce qui a poussé l'équipe de sauvetage à décider de changer de direction le 19 août et si le site de sabordage final est le même que celui qui avait été convenu avec les autorités françaises.
 

Embarras diplomatique entre l'île Maurice et La France

Pour rappel, lors de sa visite officielle à Maurice le 16 août, le ministre des Outremer Sébastien Lecornu avait confirmé l’envoi par La France de trois experts du Cedre, le Centre de Documentation de Recherche et d'Expérimentation sur les pollutions accidentelles des eaux, et du CEPPOL, le Centre d'Expertises Pratiques de lutte antiPOLlution.
 
La décision prise par les autorités mauriciennes de couler la partie avant de l’épave au grand large avait été la source d’un embarras diplomatique. La France défend "une approche très environnementale et très en protection de la biodiversité, et singulièrement des côtes réunionnaises", avait souligné Sébastien Lecornu en expliquant que cette option de sabordage n’était "clairement pas la solution qui retient notre préférence"...
 
La France est, rappelons-le, le premier pays à avoir aider l’île Maurice en urgence suite au naufrage du Wakashio. Depuis La Réunion, les Fazsoi avaient mobilisés ses moyens dans le cadre d’une opération de dépollution d’urgence des côtes mauriciennes.