Élagueurs mortellement fauchés en 2012 : l’automobiliste condamné à quatre ans de prison dont deux ferme

Cela fait huit ans que les familles des victimes attendent ce procès. Un procès reporté à septembre prochain.
Après huit longues années de procédure, le conducteur qui a mortellement fauché trois élagueurs sur la quatre-voies de Sainte-Marie en septembre 2012 a été condamné ce matin à quatre ans de prison dont deux ferme, mais sans mandat de dépôt. Le parquet avait requis cinq ans d'emprisonnement.
Renvoyé une première fois le 14 février dernier, à la suite d'un mouvement de grève des avocats, le procès de l’automobiliste ayant renversé mortellement trois élagueurs sur la quatre-voies de Sainte-Marie s’est ouvert ce matin au tribunal correctionnel de Champ Fleuri.

L’homme âgé de 49 ans est jugé pour des faits d’homicide involontaire. Et le parquet de Saint-Denis a requis à son encontre une peine de cinq ans de prison dont deux à trois ans avec sursis, ainsi que l’annulation de son permis de conduire. 

Regardez le reportage de Réunion La 1ère :
 
Procès du chauffard qui avait mortellement fauché 3 élagueurs sur le bord de la route

Le 24 Septembre 2012, ce Dionysien roule sur la quatre voies de Sainte-Marie, en direction de Saint-Denis, lorsqu'il perd le contrôle de son véhicule et se déporte vers la bande d'arrêt d'urgence. Là, où travaillent des employés d'une société d'élagage. Trois hommes âgés de 27, 37 et 49 ans sont fauchés en quelques secondes. Le conducteur est, lui, grièvement blessé.
 

Crise d’épilepsie


L'enquête démontrera que l'automobiliste a fait une crise d’épilepsie au moment du drame, ce qui ne lui était pas arrivé depuis des années, selon son avocat Me Robert Ferdinand. Dès le début de l’audience ce matin, Me Ferdinand a plaidé en faveur de l’annulation de la procédure, estimant que le délai de jugement n’était pas raisonnable. Le procès a en effet lieu plus de huit ans après les faits.

Mais celui-ci a bien été maintenu. Le prévenu a indiqué ce matin qu’au moment du choc, il a perdu connaissance et qu’il ne se souvenait plus de rien. Reste qu’il n’avait pas le droit de conduire, lui a fait remarquer le président du tribunal.

Son médecin lui avait en fait recommandé à plusieurs reprises de ne pas prendre le volant, recommandations que le quadragénaire n’a donc pas respectées. Selon le parquet, celui-ci n’avait pas voulu se lever plus tôt pour prendre le bus.
 

"Totalement responsable"


Aux yeux du Ministère public, le prévenu est "totalement responsable". Il s’est volontairement soustrait à ses obligations en ne déclarant pas sa pathologie à la préfecture et en ne suivant pas les conseils de ses médecins. A la défense, Me Ferdinand a néanmoins plaidé la relaxe de son client.
 
Me Robert Ferdinand

Ce procès a été une véritable épreuve pour les familles des victimes à qui le prévenu a demandé pardon, mais aussi pour les élagueurs qui ont échappé à la mort. L’audience aura été marquée par le témoignage poignant d’un de ces rescapés encore terriblement traumatisé par l’accident.

"J’ai vu des silhouettes s’envoler, se souvient ce dernier. J’étais fou, je courais partout, j’avais du courant dans le corps… Les gens avaient peur que je fasse une crise cardiaque. (…) J’aurai préféré être mort que d’être ici, car je suis hanté par ces visions".
 
Des proches des victimes du drame ont assisté au procès

Les magistrats du tribunal ont rendu leur décision : l'automobiliste a été condamné à 4 ans de prison dont la moitié ferme, mais sans mandat de dépôt. Il a donc pu quitter le tribunal comme il est arrivé, c'est-à-dire librement. Son permis de conduire a également été annulé.