L'arrêté de la colère ! C'était une promesse du ministre des Outre-mer, près de deux semaines après le passage du cyclone Garance, la reconnaissance de l'état de catastrophe naturelle a été déclarée ce mercredi 12 mars au Journal Officiel.
Les sinistrés des 24 communes de La Réunion ont désormais 30 jours pour effectuer les déclarations pour les dégâts causés par les inondations, les coulées de boue et la houle.
Mais un détail n'a pas échappé à la classe politique locale. Seules deux communes ont été retenues pour les dégâts occasionnés par les vents cycloniques, celles de Sainte-Marie et Sainte-Rose.
Colère et indignation des maires de l'île
Le maire de Saint-André a rapidement fait part de son indignation et incompréhension. "Qui a décidé d'écrire cet arrêté ? Comment ont-ils fait pour pondre un tel document qui paraît au journal officiel ?" s'interroge-t-il.
Nous avons plus de 160 toitures envolées, arrachées. Cet arrêté prendra donc en compte que les inondations et les coulées de boue à Saint-André. C'est inadmissible ! Les personnes qui ont tout perdu, même assurées, ne pourront pas prétendre aux aides dans notre commune
Joé Bédier, maire de Saint-André
Face à ce qu'il qualifie d'"injustice", le maire de Saint-André a demandé une révision de l'arrêté de catastrophe naturelle en y intégrant les vents cycloniques comme facteur de destruction dans sa commune.
Joé Bédier, le maire de Saint-André est l'invité du journal du 19h :
Toujours dans l'Est, à Saint-Benoît où les vents ont atteint les 199km/h lors du passage de Grance, c'est également l'incompréhension. Patrice Selly a pris attache dès mercredi après-midi, auprès du sous-préfet d'arrondissement de Saint-Benoît et du cabinet du ministre des Outre-mer pour faire part de son indignation.
Un nouvel arrêté sera pris dans les jours qui viennent pour faire en sorte que la ville de Saint-Benoît soit également intégrée dans les communes concernées par les vents cycloniques.
"Les personnes assurées pourront ainsi bénéficier d'une indemnisation en fonction des dégâts subis en lien avec ces vents que nous avons connu" promet l'élu de l'Est.
À Bras-Panon, le cyclone Garance "a détruit plus de 25 habitations, endommagé de centaines d'autres et affecté l'ensemble des équipements municipaux" constate le maire.
"Où ont été effectuées les mesures des vents ? Météo France a enregistré une rafale de 169 km/h à Bellevue à 9h47 ce vendredi 28 février 2025. Qu'en est-il des quartiers situés plus près du littoral, où des toitures entières ont été arrachées ?" se questionne Jeannick Atchapa.
'' Enfumage " et " trahison " pour les députés
Les députés n'ont également pas manqué de s'emparer de leurs réseaux sociaux et de réagir à cet arrêté. Pour Jean-Huges Ratenon il est impératif que l'état de catastrophe naturelle soit modifié et que toutes les communes de l'Est soient prises en compte.
Cette reconnaissance de l'état de catastrophe naturelle pour les 24 communes n'était que de l'enfumage pour faire passer la pilule quand les communes de Saint-André, Salazie, Saint-Benoît la Plaine des Palmistes ne sont pas concernées par les vents forts !
Jean-Hugues Ratenon, député de La Réunion
Pour Perceval Gaillard, la décision de ne placer que deux communes en catastrophe naturelle au titre des vents cycloniques est "un scandale et une provocation inouïe lorsque l'on connaît les dégâts occasionnés par les vents très forts dans toutes les communes de l'Est, notamment mais pas uniquement".
Le député socialiste, Philippe Naillet a quant à lui envoyé un courrier au ministre des Outre-mer afin d'alerter sur les insuffisances de l'arrêté. Selon lui, l'ensemble des communes de La Réunion sans distinction devraient être couvertes par cet état de catastrophe naturelle.
Manuel Valls considère lui-même cette reconnaissance d'"insuffisante". Le ministre des Outre-mer reconnaît que "le périmètre des sinistres couverts par l’arrêt car il ne reflète pas la réalité des dévastations causées par le cyclone Garance". Il a ainsi réclamé une "saisine complémentaire de la commission pour tenir compte de la violence du cyclone ".
En attendant, le préfet a tenu à rassurer les sinistrés victimes des vents violents. Ils "peuvent toujours être indemnisés par leurs assureurs au titre de la garantie tempête présente obligatoirement dans les contrats d’assurance dommages".