Eau de mer dessalée : la méfiance des habitants de Saint-André

L'unité de dessalement de l'eau de mer installée à Champ-Borne à Saint-André
Pour faire face à la sécheresse inédite dans la commune de Saint-André, une unité de dessalement de l'eau de mer a été installée ce lundi 20 janvier dans le quartier de Champ-Borne. Mais cette eau traitée est loin d'attirer les foules. Les habitants préfèrent se ruer sur les bouteilles d'eau distribuées chaque jour.

La sécheresse continue de sévir à La Réunion et la ville de Saint-André n'est pas épargnée. Aux grands maux, les grands remèdes.

En complément des distributions journalières de bouteilles d'eau, une unité de potabilisation de l'eau de mer a été installée ce lundi 20 janvier.

150 mètres cubes d'eau dessalée par jour 

Elle est sortie de terre, sur le terrain de football de Champ-Borne où des agents de la sécurité civile vérifient scrupuleusement les différentes étapes de cette technique.

Les gens ne savent pas que nous produisons de l'eau potable à partir de l'eau salée. Nous mettons cette eau à la disposition de la population, des écoles, des EHPAD. Tous les jours de 5 heures du matin jusqu'à 21 heures, selon les besoins

Capitaine Joël - chef de détachement à la sécurité civile


De l'eau dessalée, il en est produit quotidiennement sur site, 150 mètres cubes mais seuls 30 mètres cubes en sont consommés. C'est dire la méfiance des habitants.

L'unité de dessalement de Saint-André produit jusqu'à 150 000 litres d'eau par jour

Opération séduction

Face à ce constat, les professionnels tentent chaque jour de rassurer la population sur la qualité de l'eau.

"L'eau est testée sur place par l'ARS, par nous et par un laboratoire indépendant de La Réunion, trois fois par semaine" indique le chef de détachement de la sécurité civile. 

L'eau dessalée est contrôlée plusieurs fois par jour

Alors devant la mairie annexe de Champ-Borne où sont distribuées des bouteilles d'eau, il n'hésite pas à vanter l'eau potable produite sur site.

"Au stade, il y a de l'eau potable, prenez-en tant que vous voulez, c'est gratuit messieurs dames !"

Ecoutez le reportage de Réunion La 1ère : 



"i fé in pé pèr kan mèm"

Une future mère de famille, attend la distribution de bouteilles d'eau avec impatience mais ne se risque pas à consommer celle sortie des robinets de l'unité de dessalement. "Mi ézit atenn parske mi atenn in bébé, si na pwin bouteille, na pwin".

Un habitant d'ajouter "ou koz amwin lo la mèr, i fé in pé pèr kan mèm".

Regardez le reportage de Réunion La 1ère :

 

Le Saint-Andréens boudent l'unité de dessalement ©Réunion La 1ère


D'autres, se laissent tenter par cette eau dessalée, comme Frédéric Robert, qui dès la première gorgée est conquis.

"Elle est excellente. Et plus ça va aller, plus le climat va changer. Il faudra trouver des solutions. La solution, elle est juste là !"

Les militaires de la sécurité civile expliquent aux Saint-Andréens le processus de dessalement de l'eau de mer


Les stocks de bouteilles d'eau dévalisés

Mais force est de constater que l'eau dessalée ne rencontre pas le même succès que l'eau en bouteille. Illustration mardi 23 janvier, devant la mairie annexe de Champ-Borne, impossible de mettre la main sur une bouteille d'eau.

Perturbations sur les distributions de bouteilles d'eau à Saint-André

Dès le matin, en seulement deux heures, les quatre palettes d'eau ont été dévalisées. Ce n'est pas pour autant que les habitants se bousculent devant le robinet d'eau potable de l'unité de dessalement installé à seulement quelques mètres.