C'est l'un des grands projets du Département pour rééquilibrer les apports en eau à La Réunion. Lancé en 2021, MEREN (Mobilisation des ressources en eau des microrégions Est et Nord) prévoit sur 15 ans le déploiement de nouvelles infrastructures pour répondre aux besoins en eau des communes entre Saint-Denis et Saint-Benoît pour les usages agricoles, industriels et domestiques.
Il comporte notamment :
- le volet MEREN Nord, avec la création d'une galerie de transfert depuis Salazie vers un nouveau réservoir de 30 000 m3 puis une conduite maîtresse de Sainte-Marie à Saint-André
- le volet MEREN Est avec une conduite entre Bras-Panon et Saint-Benoît, alimentée par la nappe phréatique de la Plaine-des-Palmistes
- le volet MEREN REUT, un procédé permettant la réutilisation des eaux usées de la station du Grand Prado à Sainte-Marie pour l'irrigation agricole après traitement.
Retard dans les études
Et si les travaux de la première tranche, celle du Nord, n'ont pas encore démarré comme prévu initialement en 2025, c'est parce que les études prennent plus de temps que prévu explique Gilles Hubert, vice-président du département délégué à l'eau et aux infrastructures.
"Nous allons avoir une partie de cette alimentation qui va se faire en tunnel donc nous allons avoir besoin d'un tunnelier, voir le tracé et une autre partie sera hors-sol, nous allons aussi devoir consulter le public", souligne l'élu.
Le premier coup de pioche sera donné dans deux ans assure-t-il, pour une livraison en 2035 dans le Nord, et en 2040 pour la deuxième tranche dans l'Est.
"Démarrer d'abord dans l'Est", demande la Cirest
Un calendrier qui n'est pas au goût de Patrice Selly, maire de Saint-Benoît et président de la Cirest alors que la région Est traverse une véritable crise de l'eau en cette période sécheresse prolongée.
"On va commencer par Sainte-Marie dans le cadre du projet MEREN, alors qu'on connaît les épisodes de sécheresse les plus importants dans l'Est : Saint-Benoît, Saint-André, Bras-Panon, Salazie... Donc moi, je demande à ce que le Département revoit la feuille de route et démarre d'abord dans l'Est pour aller ensuite dans le Nord", suggère le président de la Cirest.
Impossible, répond Gilles Hubert : "On ne peut pas revenir sur plusieurs années d'études et un schéma qui est déjà dressé, pour répondre aux besoins immédiats de Saint-André ou toute autre commune" rétorque l'élu, qui renvoie ces villes et l'intercommunalité à leurs propres défauts d'équipement.
"Problèmes d'infrastructures", pointe le Département
"Le problème de Saint-André, c'est avant tout un problème d'infrastructures hydrauliques et non forcément de ressources", affirme Gilles Hubert. Selon le Département, la ville de Saint-André ne stockerait que 14 000 m3 d'eau. Insuffisant pour répondre aux besoins de 60 000 habitants, souligne le Département.
"Ce n'est pas non plus le basculement qui fait que Saint-André est en déficit d'eau. Saint-André doit surtout se pencher sur ses infrastructures propres, comme toutes les autres communes et les intercommunalités de l'île qui ont des infrastructures propres de stockage d'eau."
Gilles Hubert, vice-président du Département délégué à l'eau
"Il faudrait peut-être construire des bassins un peu plus grands", suggère le vice-président, qui cite l'exemple de la ville du Port. "Si vous comparez avec celles du Port, qui fait deux fois moins de population, elles stockent 25 000 m3", illustre Gilles Hubert.
"Aujourd'hui l'eau nous arrive de façon assez abondante mais de façon différente, à savoir qu'elle tombe sur une période plus courte. Donc il faut adapter nos infrastructures locales pour pouvoir répondre aux crises de l'eau", conclut-il.