À La Réunion, 5 327 admissions aux urgences ont été enregistrées suite à une forte consommation d'alcool en 2023. La boisson est la principale addiction des patients suivis dans les CSAPA, les centres de soins d'accompagnement, de prévention et d'addiction de l'île.
Ce jeudi 20 février, une permanence d'addictologie de proximité a été inaugurée, rue Hubert de Lisle à Saint-Benoit.
Le reportage de Réunion la 1ère :
"On ne lui demande pas d'arrêter"
80% des addictions sont causées par l'alcool à La Réunion.
Cette permanence de proximité permet aux malades de bénéficier d'un parcours de soins adapté.
"La première étape est de la faire sortir de ce sentiment de honte pour pouvoir ouvrir le dialogue", explique Guillaume Deroost, éducateur spécialisé au CSAPA. Dans le parcours de soins, le premier accueil se fait en général avec un infirmier ou un éducateur, avant de rencontrer un médecin, un psychologue.
On ne lui demande pas d'arrêter, c'est la personne qui va décider d'elle-même, on l'accompagne sur ce qu'elle souhaite faire, cela peut passer par une diminution de la consommation, mais on avance vraiment au rythme de la personne.
Guillaume Deroost, éducateur spécialisé
"Bien sûr qu'on peut sortir d'une addiction et d'une polytoxicomanie !, rassure-t-il. Certaines personnes réadaptent leur consommation, d'autres s'abstiennent totalement. Mais toute notre vie on aura un risque de reconsommer", prévient Guillaume Deroost.
L'objectif est surtout d'accompagner "pour que la consommation de drogue ou d'alcool ait le moins d'impacts possible dans leur quotidien", ajoute Virginie Degorge, psychologue au CSAPA.
Ces professionnels installés à Saint-Benoit sont joignables au 02 62 50 39 09.
Ça peut être au niveau de la santé physique ou psychique, des impacts pour l'entourage, judiciaires.
Virginie Degorge, psychologue au CSAPA
De nouvelles drogues
À Saint-Benoît, les produits consommés sont essentiellement le cannabis et l'alcool. Mais de nouvelles drogues circulent, notamment les produits et cannabinoïdes de synthèse. Johnny Boyer, médiateur à Bras-Fusil, voit depuis quelques temps circuler une nouvelle drogue dont les effets sont plus dévastateurs que le tabac chimique, et qui influence complètement le comportement des consommateurs.
"Li court et bat' son tête dan' mur, i allonge à ter, i frotte ali partout, à la limite li sent pu rien. En tout cas attention aux jeunes surtout dans Bras-Fusil parce que cette drogue-là n'est pas un jeu, zot i peu atterri l'hôpital et même mourir", met en garde Johnny Boyer.
"Tsunami blanc" selon Selly
Le maire de Saint-Benoît, Patrice Selly, a demandé, le 19 février, un renforcement des effectifs des douanes, pour lutter contre le trafic de drogues. Un service insuffisamment pourvu pour faire face au "tsunami blanc", selon le maire.
Six centres à La Réunion
L'île compte désormais six structures de soins, réparties sur tout le territoire : Saint-André, Saint-Denis, Le Port, Saint-Paul, Saint-Pierre et maintenant Saint-Benoît. 5000 usagers sont accompagnés dans ces centres, 75% d'entre eux sont soignés pour leur consommation excessive d'alcool. Chacun peut bénéficier d'un accompagnement gratuit et anonyme.